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Droit de suite

Vote sur l'état d'urgence : les députés absents se défendent tant bien que mal

Plusieurs centaines d'utilisateurs ont interpellé leur député sur Twitter afin de connaître la raison de leur absence au moment du vote de l'article 1 sur l'état d'urgence lundi. Certains parlementaires ont tenté d'y répondre.
A l'Assemblée nationale en février 2016. (Photo JACQUES DEMARTHON. AFP)
publié le 10 février 2016 à 17h55

Ce mardi, Libération invitait ses lecteurs à demander via Twitter des explications aux députés absents lors du vote sur l'état d'urgence dans la constitution dans la soirée de lundi. Plusieurs centaines de personnes ont partagé le lien sur le réseau social, presque autant en interpellant un député. Certains utilisateurs ont même souhaité poser la question à chacun d'entre eux. Face au nombre de mentions qu'ils ont reçu, quelques parlementaires ont souhaité apporter des explications, parfois maladroitement.

Ceux qui plaident l’erreur technique

Philip Cordery, député PS des Français du Benelux, mentionné par certains utilisateurs a répondu à chacun d'entre eux. Il y indique que son vote n'a pas été pris en compte, et que, comme le règlement l'autorise, il a demandé une correction. L'Assemblée Nationale précise effectivement dans la catégorie «Mise au point», que le député était présent au moment du scrutin ou avait «délégué son droit de vote», et qu'il a fait savoir qu'il a «voulu "voter pour"». Comme lui, plusieurs autres ont demandé une correction : Colette Capdevielle, Christophe Cavard, Philip Cordery, Sébastien Denaja, Jean-Pierre Dufau, Marietta Karamanli, Catherine Lemorton, Annick Lepetit, Nathalie Nieson et Eduardo Rihan Cypel. Nous avons modifié notre article en conséquence hier soir.

 Ceux qui renvoient vers leurs blogs

Yves Jégo comme Jean-Pierre Gorges ont répondu aux utilisateurs qui les interpellaient en renvoyant vers leurs blogs. Le député UDI y précise : «Je ne voterai pas la révision de la constitution qui ne sert à rien si ce n'est mettre une loupe grossissante sur une forme insupportable d'impuissance politique. Ce sujet a fait perdre beaucoup trop de temps à l'exécutif qui s'est affaibli au fil de ses circonvolutions.»

Ceux qui pensent que «cet article ne sert à rien» est un argument suffisant

Dominique Dord, député LR de Savoie, a été mentionné plus d'une dizaine de fois sur Twitter. A l'un des utilisateurs, il répond simplement : «texte inutile». S'en suit un échange de tweets cosmique. Le député se voit répondre : «inutile c'est votre avis, mais le symbole ? Les écoliers qui pensent l'école inutile font-ils bien de sécher les cours?». Ce à quoi il répondra par trois mots : «l'école est utile». L'interpellant tentera bien une dernière relance :«Autant que ce texte est utile !», à laquelle il se verra répondre de nouveau par trois mots «c votre avis!».

Comme lui, Nathalie Kosciusko-Morizet renvoie vers l'une de ses déclarations à l'Assemblée nationale, sans un seul commentaire : «Cet article ne sert à rien. Ce serait une raison suffisante pour le rejeter. La Constitution n'est pas un tableau noir sur lequel on peut venir écrire un slogan ou épingler un symbole. Elle n'est pas non plus une matière plastique que l'on peut modifier à loisir en fonction des humeurs politiques ou des intérêts tactiques.»

Patrick Devedjian, lui, plaide la faute de l'exécutif. Il se justifie en dénonçant la «très mauvaise organisation du travail par le gouvernement».

Ceux qui se réservaient pour le vote final (ou un autre)

Pierre Morel-à-l'Huissier, député LR de la Lozère, n'a vu aucun intérêt à venir voter l'article 1 ce lundi. Dans une réponse adressée à l'un des utilisateurs, il explique «le vote définitif est prévu mercredi 17 h», justifiant ainsi son absence.

Patrick Vignal, député de l'Hérault précise lui qu'il était présent, mais qu'il préfère «réserver [son] vote pour mercredi».

Isabelle Bruneau, député de l'Indre, explique, elle, à l'un des utilisateurs qu'elle a voté l'amendement de suppression de l'article 1, sans pour autant justifier son absence au moment du vote de l'article 1. Fabrice Lefebvre a lui aussi tenu le même discours.

Ceux qui avaient une bonne excuse

Yves Daniel, le député de la 6e circonscription de Loire-Atlantique a tenu à préciser sur Twitter qu'il aurait voté l'article 1, mais qu'il était à un enterrement. Il précise aussi qu'il est «d'abord un être humain».

Franck Marlin, député de l’Essonne, explique quant à lui ne pas avoir pu être présent à cause du décès de son adjoint.

Le cabinet de Thierry Benoit, député d'Ille-et-Vilaine, nous a fait savoir qu'il n'avait pas pu prendre part au vote pour cause d'hospitalisation, certificat à l'appui.

Ceux qui en profitent pour faire leur autopromo

Pour Jérôme Chartier, député du Val d'Oise, le don d'ubiquité n'existe pas. Il était présent sur i-Télé au moment du vote afin d'expliquer pourquoi … il voterait contre. A d'autres utilisateurs, il répond aussi : «Il fallait m'écouter sur RTL à 13 heures».