Ce mardi, Libération invitait ses lecteurs à demander via Twitter des explications aux députés absents lors du vote sur l'état d'urgence dans la constitution dans la soirée de lundi. Plusieurs centaines de personnes ont partagé le lien sur le réseau social, presque autant en interpellant un député. Certains utilisateurs ont même souhaité poser la question à chacun d'entre eux. Face au nombre de mentions qu'ils ont reçu, quelques parlementaires ont souhaité apporter des explications, parfois maladroitement.
Ceux qui plaident l’erreur technique
Philip Cordery, député PS des Français du Benelux, mentionné par certains utilisateurs a répondu à chacun d'entre eux. Il y indique que son vote n'a pas été pris en compte, et que, comme le règlement l'autorise, il a demandé une correction. L'Assemblée Nationale précise effectivement dans la catégorie «Mise au point», que le député était présent au moment du scrutin ou avait «délégué son droit de vote», et qu'il a fait savoir qu'il a «voulu "voter pour"». Comme lui, plusieurs autres ont demandé une correction : Colette Capdevielle, Christophe Cavard, Philip Cordery, Sébastien Denaja, Jean-Pierre Dufau, Marietta Karamanli, Catherine Lemorton, Annick Lepetit, Nathalie Nieson et Eduardo Rihan Cypel. Nous avons modifié notre article en conséquence hier soir.
@pfmarie34 @MevenigM mon vote n'avait pas été pris en compte et j'ai demandé une correction comme le règlement m'y autorise
— Philip Cordery (@PhilipCordery) February 9, 2016
Ceux qui renvoient vers leurs blogs
Yves Jégo comme Jean-Pierre Gorges ont répondu aux utilisateurs qui les interpellaient en renvoyant vers leurs blogs. Le député UDI y précise : «Je ne voterai pas la révision de la constitution qui ne sert à rien si ce n'est mettre une loupe grossissante sur une forme insupportable d'impuissance politique. Ce sujet a fait perdre beaucoup trop de temps à l'exécutif qui s'est affaibli au fil de ses circonvolutions.»
@PingalJL je ne voterai pas ce texte pourquoi ? : https://t.co/BoChlHR6kQ
— Yves Jégo (@yvesjego) February 10, 2016
@odiedouard @libe
— Jean-Pierre GORGES (@jpgorges) February 10, 2016
La réponse est dans ma dernière Chronique !https://t.co/cCh588A8dz pic.twitter.com/xymnbjegOE
Ceux qui pensent que «cet article ne sert à rien» est un argument suffisant
Dominique Dord, député LR de Savoie, a été mentionné plus d'une dizaine de fois sur Twitter. A l'un des utilisateurs, il répond simplement : «texte inutile». S'en suit un échange de tweets cosmique. Le député se voit répondre : «inutile c'est votre avis, mais le symbole ? Les écoliers qui pensent l'école inutile font-ils bien de sécher les cours?». Ce à quoi il répondra par trois mots : «l'école est utile». L'interpellant tentera bien une dernière relance :«Autant que ce texte est utile !», à laquelle il se verra répondre de nouveau par trois mots «c votre avis!».
@TheYggdrazil @libe c votre avis!
— Dominique Dord (@DominiqueDord) February 9, 2016
Comme lui, Nathalie Kosciusko-Morizet renvoie vers l'une de ses déclarations à l'Assemblée nationale, sans un seul commentaire : «Cet article ne sert à rien. Ce serait une raison suffisante pour le rejeter. La Constitution n'est pas un tableau noir sur lequel on peut venir écrire un slogan ou épingler un symbole. Elle n'est pas non plus une matière plastique que l'on peut modifier à loisir en fonction des humeurs politiques ou des intérêts tactiques.»
Patrick Devedjian, lui, plaide la faute de l'exécutif. Il se justifie en dénonçant la «très mauvaise organisation du travail par le gouvernement».
@SaharaMIW c'est une malhonnêteté de ne pas dénoncer la très mauvaise organisation du travail parlementaire par le gouvernement!
— Patrick Devedjian (@DevedjianP) February 10, 2016
Ceux qui se réservaient pour le vote final (ou un autre)
Pierre Morel-à-l'Huissier, député LR de la Lozère, n'a vu aucun intérêt à venir voter l'article 1 ce lundi. Dans une réponse adressée à l'un des utilisateurs, il explique «le vote définitif est prévu mercredi 17 h», justifiant ainsi son absence.
@MoutonNoirCeven @libe parce que le vote definitif est prevu mercredi 17 h
— MOREL A L'HUISSIER (@MORELPIERRE) February 9, 2016
Patrick Vignal, député de l'Hérault précise lui qu'il était présent, mais qu'il préfère «réserver [son] vote pour mercredi».
@davidonet Je suis à Paris depuis vendredi. Les débats sont passionnants, et je réserve mon vote pour le scrutin solennel de mercredi.
— Patrick Vignal (@PatrickVignal) February 9, 2016
Isabelle Bruneau, député de l'Indre, explique, elle, à l'un des utilisateurs qu'elle a voté l'amendement de suppression de l'article 1, sans pour autant justifier son absence au moment du vote de l'article 1. Fabrice Lefebvre a lui aussi tenu le même discours.
@Manon_Park @libe j'ai défendu et voté, entre autres, l'amendement de suppression de l'article 1 (scrutin public 1222). La suite demain.
— Isabelle Bruneau (@IsabelleBrunea1) February 9, 2016
Ceux qui avaient une bonne excuse
Yves Daniel, le député de la 6e circonscription de Loire-Atlantique a tenu à préciser sur Twitter qu'il aurait voté l'article 1, mais qu'il était à un enterrement. Il précise aussi qu'il est «d'abord un être humain».
@Lanval2 Je suis d'abord un être humain. J'étais à accompagner une famille en deuil. Leur fils n'avait pas 19 ans. J'aurai voté l'art 1.
— Yves DANIEL (@ydaniel_depute) February 9, 2016
Franck Marlin, député de l’Essonne, explique quant à lui ne pas avoir pu être présent à cause du décès de son adjoint.
@Bascch Naturel de se poser la question. Je voterai évidemment aujourd'hui. Lundi, je fermais les yeux de mon adjoint qui est décédé...
— Franck Marlin (@franckmarlin) February 10, 2016
Le cabinet de Thierry Benoit, député d'Ille-et-Vilaine, nous a fait savoir qu'il n'avait pas pu prendre part au vote pour cause d'hospitalisation, certificat à l'appui.
Ceux qui en profitent pour faire leur autopromo
Pour Jérôme Chartier, député du Val d'Oise, le don d'ubiquité n'existe pas. Il était présent sur i-Télé au moment du vote afin d'expliquer pourquoi … il voterait contre. A d'autres utilisateurs, il répond aussi : «Il fallait m'écouter sur RTL à 13 heures».
@MalcolmLZ @libe ll fallait m'écouter @RTLFrance et @vincent_parizot à 13h00
— Jérôme Chartier (@jeromechartier) February 10, 2016