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Libération
Portrait

Ayrault, un revenant dans les couloirs du Quai d’Orsay

Signe des difficultés du gouvernement à se renouveler, l’ancien Premier ministre est nommé aux Affaires étrangères.
Jean-Marc Ayrault, à Matignon, en janvier 2014. (Photo Marc Chaumeil pour «LIbération»)
publié le 11 février 2016 à 21h11

Un ex-Premier ministre dans le gouvernement de son successeur, seul Michel Debré avait connu pareil parcours sous la VRépublique. Nommé jeudi au Quai d'Orsay, Jean-Marc Ayrault prend la suite de Laurent Fabius, un autre ancien de Matignon. Et devient à son tour numéro 2 de l'équipe Valls, à un poste en lien direct avec le chef de l'Etat : la politique extérieure. Resté loyal à François Hollande depuis son débarquement au printemps 2014, le député de Loire-Atlantique, malgré ses fortes réserves, a finalement voté mercredi la révision constitutionnelle. Signe de son envie d'en être à nouveau. Ces derniers mois, on avait surtout entendu ce germanophile bilingue, animal à sang froid, défendre l'allemand lors de la bataille sur la réforme du collège. Puis porter avec son collègue Pierre-Alain Muet un amendement visant à poursuivre la réforme fiscale (un peu) engagée sous son ère : voté par la gauche à l'Assemblée, il avait été retoqué par les «sages».

«Ayrault est une bonne nouvelle pour l'Europe», veut croire un eurodéputé EE-LV qui juge que Fabius - fort occupé par les dossiers syriens, par la COP 21, par le nucléaire iranien ou par ses projets de diplomatie économique - a été trop discret sur ce front. A l'aile gauche du PS, on glisse que «lui au moins, contrairement à Valls, il a réformé» : manière surtout de tacler le second. Fervent partisan du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, l'ex-maire de Nantes va en tout cas devoir ronger son frein, puisque Hollande a promis à l'écologiste Emmanuelle Cosse qu'un référendum local allait se tenir sur le sujet. Qui imaginait Ayrault accepter pareil augure ? Il avait décidément très envie du Quai. Dans sa circonscription, faute de suppléant (le sien est mort en 2015), une partielle se tiendra d'ici trois mois.