Il les voulait, ses petits hommes verts sur la photo. Jeudi, le chef de l'Etat a nommé trois écologistes au gouvernement. Une première depuis l'arrivée de Manuel Valls à Matignon - laquelle avait scellé les départs de Cécile Duflot et de Pascal Canfin. Le sénateur Jean-Vincent Placé, secrétaire d'Etat à la Réforme de l'Etat, la députée Barbara Pompili, secrétaire d'Etat aux Relations internationales sur le climat et à la Biodiversité, et, enfin, la belle prise, Emmanuelle Cosse. Contre l'avis de son parti duquel elle a, du coup, démissionné, la secrétaire nationale des Verts devient ministre du Logement, comme Duflot avant elle. Pour prix de son entrée au gouvernement, elle a obtenu un référendum local sur Notre-Dame-des-Landes (lire ci-contre).
Déception
Le perdant du jour se nomme François de Rugy. Le député de Loire-Atlantique est sûrement le meilleur élève écolo-hollandais. Il a voté la réforme constitutionnelle sans broncher et prend la défense du gouvernement à chaque fois que le micro s'allume. En vain. Derrière l'image, la lecture est différente. Les entrées de Placé et de Pompili ne froissent pas grand monde dans le parti et au sein de la base militante : ils font partie du passé depuis leur départ, cet été, d'EE-LV. Du coup, les anciens camarades se lâchent : «Ils pointent devant l'Elysée, sans gêne, depuis le début du quinquennat : il fallait bien que ça arrive un jour.»
Pour Cosse, c'est différent. Jeudi matin, elle a contacté par téléphone David Cormand. Le responsable des élections du parti était en vacances au Mont-Saint-Michel. Elle lui a annoncé la proposition de Hollande et son intention de l'accepter. Il n'a pas tenté de la retenir, malgré «la déception et l'incompréhension». L'histoire était déjà écrite. Quelques minutes après sa nomination, Cosse a officialisé son départ d'EE-LV ; rejoindre le gouvernement nécessitait en effet d'avoir l'accord du parti. Ce qui ne risquait pas d'arriver. EE-LV a publié un communiqué : «Le parti désapprouve cette participation et regrette cette décision personnelle alors que la politique gouvernementale est malheureusement incompatible avec des orientations écologistes, de justice sociale, solidaires, et à même de construire une société apaisée.» David Cormand a grimpé dans sa voiture, direction Paris. Il devient secrétaire national du parti par intérim et s'exprimera ce vendredi devant la presse.
Primaire
Désormais, les regards se tournent une nouvelle fois vers Cécile Duflot. Ce n'est un secret pour personne, l'ancienne ministre du Logement, farouchement opposée à la politique gouvernementale, prépare sa candidature pour 2017, ouverte à l'idée d'une primaire. En juin, lors du congrès du parti, la voie sera libre. Un dirigeant : «La situation se clarifie, ceux qui sont contre une candidature écolo à la présidentielle sont au gouvernement et ceux qui sont favorables sont à l'extérieur.» Selon l'entourage de Duflot, le Président «cherche à la déstabiliser en vue de 2017 et détruire le parti». Une attaque politique. Un proche confie : «Cécile n'a jamais été aussi forte que dans l'adversité, elle aime le combat et la difficulté.» Mercredi après-midi, pendant l'annonce du remaniement, Duflot était à la piscine. Un combat, ça se prépare.