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Libération

Déchéance : Dounia Bouzar rompt avec l’Etat

publié le 11 février 2016 à 20h01

Elle était le visage médiatique des actions de prévention de la radicalisation. Dounia Bouzar, directrice générale du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l'islam (CPDSI), a annoncé jeudi qu'elle ne poursuivrait pas sa collaboration avec le ministère de l'Intérieur en raison de l'extension de la déchéance de nationalité. Le CPDSI, dont le marché pouvait être reconduit de manière tacite en avril, rendra un dernier bilan au printemps. Puis l'association devrait être dissoute. Quant aux 771 jeunes suivis en 2015, le relais sera transmis aux préfectures.

Lylia Bouzar, fille de Dounia et présidente du CPDSI, explique à Libération avoir attendu «le plus possible» de voir la teneur des débats sur la déchéance. «Lorsqu'on a compris que le gouvernement poursuivait dans son entêtement, on a dit stop.» Selon elle, cette mesure «remet en cause toute la politique publique du ministère de l'Intérieur à laquelle on avait adhéré en 2014. On ne peut pas accepter de relier les origines à un engagement jihadiste». Le CPDSI détaille : «Faire croire aux Français que la déchéance sera un symbole pour lutter contre Daech est une réponse déconnectée de la réalité […]. L'amalgame renforce toujours les radicaux.»

Le CPDSI, qui a bénéficié de 883 000 euros de subventions en deux ans, a travaillé sur plusieurs fronts : recherche sur les méthodes d'embrigadement des jeunes radicalisés, accompagnement des familles et formation des agents préfectoraux. Lylia Bouzar reconnaît que le suivi des familles, un peu partout en France, par l'équipe mobile (7 salariés) a pu «fatiguer» les troupes, tout comme certaines «attaques injustes». Certains ont critiqué l'approche du CPDSI, tendant à faire de la radicalisation jihadiste une «dérive sectaire». Plusieurs enquêtes, dont celle de Libé, ont aussi montré qu'il se confondait parfois avec la famille Bouzar.