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Droits

Le Conseil de l’Europe inquiet des évacuations de Roms sans relogement en France

Le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe s'inquiète du «climat d'antitsiganisme» qui règne dans le pays. Le ministre de l'Intérieur répond qu'il faut respecter le droit de propriété.
Une famille de Roms dans une maison préfabriquée, le 23 décembre 2015 à Saint-Genis-les-Ollières, près de Lyon (Photo JEFF PACHOUD. AFP)
publié le 16 février 2016 à 0h01
(mis à jour le 16 février 2016 à 10h41)

Le commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe s’inquiète des évacuations forcées de Roms, non assorties de solutions de relogement, dans un courrier adressé au ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Dans cette lettre, Nils Muižnieks déplore que sur les 111 évacuations forcées de Roms effectuées en 2015 en France, seules 29 aient donné lieu à des propositions de relogement.

Il constate que ces évacuations forcées «interrompent les parcours scolaires des enfants Roms, compromettent le suivi médical et fragilisent le maintien dans l'emploi». Le commissaire fait également part de son inquiétude devant «le climat d'antitsiganisme qui existe de longue date en France et dans lequel ces opérations sont menées».

Nils Muižnieks a adressé des courriers similaires à six autres gouvernements européens, ceux de l’Albanie, de la Bulgarie, de la Hongrie, de l’Italie, de la Serbie et de la Suède.

Bernard Cazeneuve défend le droit de propriété

Dans sa réponse, Bernard Cazeneuve souligne que ces expulsions «visent à faire respecter le droit de propriété, mais aussi à protéger les occupants de risques liés à leur santé, à leur sécurité, ou à d'autres périls que peut engendrer l'économie de la misère». Tout en reconnaissant que dans des «situations d'urgence», les solutions proposées peuvent «relever davantage du court terme», il rappelle que la circulaire qui définit le cadre de ces expulsions prévoit qu'«un diagnostic précède chaque évacuation».

Le ministre de l'Intérieur précise également que lors de l'évacuation début février d'un important campement de Roms installé dans le nord de Paris, «170 hébergements ont été proposés et seuls 80 ont été acceptés». Deux jours après l'évacuation de ce bidonville parisien qui avait compté jusqu'à 400 occupants, une centaine de Roms qui s'était installée sur un terrain militaire à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) avait à nouveau été expulsée.