Nous sommes bien d'accord : la mise en examen ne signifie pas la culpabilité. Mais elle n'est pas anodine. En droit, elle indique que les juges estiment détenir des «indices graves ou concordants» rendant «vraisemblable» la participation du prévenu aux délits qui font l'objet de l'instruction. Ainsi le mis en examen bénéficie-t-il - c'est la moindre des choses - de la présomption d'innocence ; mais il est en même temps, officiellement et juridiquement, soupçonné par la justice : telle est aujourd'hui la situation de l'ancien président de la République. Les indices peuvent se révéler fragiles, insuffisants et l'accusation peut encore s'effondrer. Dans la riche carrière judiciaire de Nicolas Sarkozy, la chose s'est déjà vue, par exemple dans l'affaire Bettencourt. On doit donc s'arrêter là dans le commentaire : le soupçon, fort heureusement, ne suffit pas à condamner un homme, ni devant la justice, ni devant l'opinion. Pour cette raison, on se gardera d'aller aussi loin que Jean-François Copé, l'autre protagoniste vedette de cette affaire. «Jamais je n'aurais imaginé être candidat si j'étais mis en examen», a dit l'ancien leader de l'UMP.Sévère vacherie dirigée contre son ancien chef de file : à l'entendre, Nicolas Sarkozy, mis en examen, devrait renoncer à sa candidature. Gardez-moi de mes anciens amis…
A ce stade, l’affaire Bygmalion pose tout de même une question très sérieuse : les factures litigieuses réglées par l’UMP atteignent un montant spectaculaire. Qu’elles aient servi à camoufler des dépassements de frais de campagne, ce que pensent manifestement les juges, ou bien qu’elles aient couvert d’autres turpitudes, elles témoignent de la légèreté avec laquelle l’UMP a géré son argent. Sur ce point, le scandale est déjà là…