Claude Guéant n'en a pas fini avec la justice. Déjà condamné en novembre à deux ans de prison avec sursis à l'issue du procès sur les primes en liquide du ministère de l'Intérieur, l'ancienne éminence grise de la sarkozie a été mise en examen mardi pour «complicité de favoritisme» dans l'affaire des sondages de l'Elysée. En cause cette fois : des contrats passés sans le moindre appel d'offres avec les sociétés de Patrick Buisson et de Pierre Giacometti, tous deux déjà mis en examen pour «recel de favoritisme». Une ivresse sondagière emblématique du quinquennat de Nicolas Sarkozy, l'Elysée ayant payé environ 7,5 millions d'euros pour des études en tout genre entre 2007 et 2012. Parmi les plus litigieux, des sondages pour tester la candidature de Jean Sarkozy à la tête de l'Etablissement public de la Défense (Epad), la relation du Président avec Carla Bruni, le programme du PS sur l'immigration… Autant de «thèmes sans lien avec la fonction de président», ont souligné les enquêteurs.
Au fil de leurs investigations, ces derniers ont identifié pas moins de 235 sondages revendus par le cabinet de Buisson, avec des marges allant jusqu'à 70 %. «Mon rôle a plutôt été de freiner les dépenses», a minimisé Guéant devant les juges. Mais l'ancien secrétaire général de l'Elysée a aussi admis avoir rédigé lui-même la convention signée avec Buisson. «Pour les modalités, vois avec Claude», aurait d'ailleurs affirmé Sarkozy à son maître à penser, également mis en examen pour «abus de biens sociaux et détournement de fonds publics». Entre 2007 et 2009, l'ex-patron du journal d'extrême droite Minute aura ainsi encaissé 1,4 million d'euros. En 2009, à la suite d'un rapport de la Cour des comptes qui dénonçait le caractère «exorbitant» de cette convention, l'Elysée avait procédé à une régularisation en lançant des appels d'offres. «Il est inimaginable, au cœur de la fonction présidentielle, de confier des travaux à des personnes qui n'ont pas fait preuve de leur loyauté», avait pourtant justifié Guéant devant les enquêteurs.