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Réactions

Offensive de Valls sur la réforme du travail : les syndicats répondent

Le Premier ministre a clamé haut et fort son intention de «convaincre les Français» du bien-fondé de la réforme du code du travail. Le Medef et Force ouvrière ont réagi.
Myriam El Khomri et Manuel Valls, à Matignon, en novembre. (Photo Matthieu Alexandre. AFP)
publié le 23 février 2016 à 12h57
(mis à jour le 23 février 2016 à 15h58)

Invité de RTL ce mardi, Manuel Valls a fustigé les critiques à l'égard de la réforme portée par la ministre du Travail Myriam El Khomri : «Tout le monde refuse le chômage, tout le monde refuse la précarité, tout le monde refuse mais, quand on propose, alors à ce moment-là on se lève pour dire : "Il ne faut pas le faire." Nous vivons avec un chômage de masse depuis trente ans, nous avons aujourd'hui plus de 3,5 millions de chômeurs, donc c'est vers eux que je veux me tourner.» Et de marteler : «Je veux convaincre les Français et je veux convaincre bien sûr, avec Myriam El Khomri, une majorité de députés pour adopter cette loi.»

Convaincu de la pertinence de la proposition gouvernementale, le Premier ministre en appelle «à un débat serein, intelligent, qui permette de dépasser les clivages entre les partenaires sociaux, mais aussi entre les formations politiques de ce pays».

Les deux grands objectifs de Manuel Valls, «faire reculer le chômage» et «donner plus de force et de compétitivité à notre pays», trouvent évidemment écho auprès de l'opposition et des syndicats. Mais les solutions proposées par l'exécutif divisent.

A droite, le projet de réforme séduit semble-t-il l'ancien ministre du Travail Xavier Bertrand (à partir de 4'45'' sur la vidéo). «Franchement, ça va dans la bonne direction», s'est félicité le président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie qui a, au micro de France Inter, également exprimé quelques craintes : «J'espère que le texte sera voté en l'état, parce que j'ai un peu peur – comme bien souvent – qu'il soit maintenant l'objet de tripatouillages, de discussions, de bavardages qui feront que ce texte à l'arrivée sera moins ambitieux qu'il ne l'est aujourd'hui.»

Un point de vue partagé par Roselyne Bachelot («Bien sûr, je pense que cette réforme doit être faite») qui, convaincue que la mesure aurait «dû être faite en début de mandat», a néanmoins dénoncé un mauvais coup stratégique de l'Elysée, qualifiant ironiquement François Hollande de «saint homme».

Manuel Valls l'a martelé face à Olivier Mazerolle : «Le progressisme, c'est faire en sorte que les entreprises marchent, embauchent. Moi, je fais confiance aux entrepreneurs et aux salariés et, cette loi, c'est un message de confiance aux entrepreneurs de ce pays, mais aussi aux salariés.»

Un message parfaitement accueilli par Pierre Gattaz, le patron des patrons : «Un patron qui n'a pas confiance, un investisseur étranger qui n'a pas confiance dans le pays, il n'embauche pas en France, il n'investit pas en France. Cette loi El Khomri, elle va dans le bon sens, elle est de nature en effet à recréer de l'emploi. Il faut surtout, qu'elle ne soit pas dénaturée.» Pour le président du Medef, «cette loi El Khomri est sans doute une opportunité pour créer cet électrochoc sur le travail et pour redynamiser l'emploi».

(à partir de 4’20'' sur la vidéo)

Tout le contraire des salariés qui, par le biais de plusieurs syndicats, tirent la sonnette d’alarme.

Après le succès populaire de la pétition en ligne «Loi Travail : non, merci !», les fédérations préparent à leur tour la riposte : la CFDT, Force ouvrière, l'Unsa, la CFE-CGC ont répondu positivement à l'invitation de la CGT, pour la tenue d'une réunion commune ce mardi.

Par la voix de son secrétaire général, Jean-Claude Mailly, invité de France 2, Force ouvrière dénonce ainsi un texte qui n'est «pas amendable».

«C'est un projet de loi qui sécurise les entreprises, les employeurs, et fragilise les salariés. […] C'est un projet de loi de caractère libéral.» Qualifiant la proposition de «forme de dézingage du code du travail», Jean-Claude Mailly estime que celle-ci «mériterait une réaction forte des salariés […], il ne suffit pas de faire une manifestation». Et de conclure : «Il y a tout une série de points qui ne sont pas acceptables, il y a des loups dans chaque article quasiment.»