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Libération

Bouygues-Orange, un mariage au bout du fil

Publié le 24/02/2016 à 19h11

«La question ne se pose pas», a répété en boucle Martin Bouygues, mercredi, lors de la présentation des résultats 2015 de son groupe pour éluder les questions des journalistes sur la vente possible de Bouygues Telecom à Orange. C'était sa première sortie publique depuis que les discussions ont commencé, début janvier. A l'origine, Orange pensait emballer l'affaire avant la mi-février.

Les négociations patinent. Elles impliquent l'Etat (actionnaire d'Orange à 23 %), l'Autorité de la concurrence, ainsi que SFR et Free (les deux rivaux doivent racheter des actifs de Bouygues pour que l'opération aboutisse). «Tout est extraordinairement complexe», a reconnu Martin Bouygues, qui se donne jusqu'à fin mars pour boucler le deal. «On est loin d'être d'accord sur tous les sujets», euphémise en privé un dirigeant de Bouygues Telecom. «C'est du 50-50», lâche un autre. A les écouter, on en est encore à fixer les grandes lignes de l'accord, comme le prix de Bouygues Telecom. Dont le patron a confirmé attendre une participation dans Orange comprise entre «10 et 15 %» : «C'est très correct.» Cela fait une grosse différence puisque cela équivaut à 4 ou 6 milliards d'euros, selon le cours actuel.

Quoi qu'il en soit, l'Etat resterait le premier actionnaire d'Orange, dont «l'actionnariat français» serait «conforté» avec l'arrivée de Bouygues. Ce dernier a rappelé qu'il était «convaincu du potentiel de croissance des télécoms» et qu'il voulait rester dans le secteur. Entrer à Orange permettrait à son groupe de devenir le «partenaire d'une grande entreprise internationale qui ne demande qu'à croître et embellir», a salivé Martin Bouygues, trahissant son envie de conclure. Si aucun accord n'était trouvé, «nous continuerons à développer notre stratégie "stand alone"», a-t-il néanmoins ajouté.

Sévèrement affecté par l’arrivée de Free dans le mobile en 2012, Bouygues Telecom va de moins en moins mal. L’année dernière, le groupe a gagné 769 000 clients dans le mobile et 360 000 dans le fixe. Certes grâce à de grosses promotions, qui ont fait baisser le revenu moyen par abonné. Mais le pari est payant. Après trois ans de baisse, le chiffre d’affaires est en hausse de 2 %, à 4,5 milliards d’euros.

Alors pourquoi vendre ? A 20 % de marge d’exploitation, Bouygues a tout juste les moyens d’investir et de payer ses impôts. Mais pas de distribuer des dividendes à ses actionnaires, dont Martin Bouygues et sa famille. D’où l’intérêt du marché avec Orange.