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Mariage antinomique au ministère de l'Aménagement du territoire

Sur la réforme des collectivités, tout oppose Jean-Michel Baylet, en charge de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales, et Estelle Grelier, sa secrétaire d'Etat.
Jean-Michel Baylet et Estelle Grelier, à l'Elysée, le 17 février. (Photo Patrick Kovarik. AFP)
publié le 24 février 2016 à 17h19

C'est la Gazette des communes, hebdomadaire professionnel des collectivités locales, qui est allé retrouver dans ses archives ce qu'exprimait-il n'y a pas si longtemps Jean-Michel Baylet, nouveau ministre, chargé de veiller à l'application, tranquille si possible, de la réforme territoriale. Lorsqu'elle a été discutée, il en disait «pis que pendre» note l'hebdo. Dans le redécoupage des régions, le propriétaire de la Dépêche du Midi voyait «une réforme menée à marche forcée» et au «mépris des réalités géographiques, historiques et sociologiques». Dans l'obligation des binômes homme-femme pour les élections départementales de 2014, il lisait «l'arrêt de mort des conseils généraux». Enfin, le non-cumul des mandats était pour lui «la fin du système représentatif qui a porté la République». «N'en jetez plus !» s'écrie la Gazette.

En face, problème inverse. Estelle Grelier, sa secrétaire d'Etat en charge des collectivités territoriales, pense tout l'inverse du ministre. Tandis que Baylet est défenseur acharné des départements, Grelier a «applaudi des deux mains» quand Manuel Valls a annoncé en 2014 qu'il voulait les supprimer. Cela n'a pas suffi puisque Baylet a négocié son soutien politique contre une marche arrière de Valls.

Estelle Grelier est aussi la personne qui a demandé qu’on transforme toutes les intercommunalités en nouvelles collectivités. Ce qui revient, en clair, à réclamer la mort de la commune. Elle voudrait aussi en finir avec le Sénat, ce que le sénateur Baylet apprécie sans doute modérément.

On souhaite à ces deux-là bien du bonheur. Plus sérieusement, la nomination au gouvernement d'un adversaire résolu à la première réforme territoriale d'envergure votée depuis l'acte II de la décentralisation sous Raffarin est une des bizarreries de ce remaniement. Une extrémiste pour compenser un conservateur ? En tout cas, Jean-Michel Baylet sait quelles sont ses priorités : sa première décision a été de faire un caprice pour chiper l'Hôtel de Castries à Emmanuelle Cosse.