Menu
Libération
billet

El Khomri : la loi qui manque au bilan de Sarkozy

Nicolas Sarkozy, le 13 février. (Photo Albert Facelly pour Libération)
Publié le 25/02/2016 à 19h21

Sur le fond, la droite ne peut qu’être d’accord. Plus de flexibilité, moins de droit du travail : n’est-ce pas le bréviaire de l’opposition, repris et amplifié par tous les candidats potentiels à la présidentielle ?

A l'exception d'Henri Guaino, le gaulliste grincheux qui combat, seul contre tous, «cette idée folle du tout jetable», les responsables du parti Les Républicains (LR) reconnaissent, au minimum, que la réforme portée par Myriam El Khomri va «dans le bon sens». Bien sûr, ils demandent à voir. Et font confiance aux frondeurs de la majorité pour vider de sa substance le projet gouvernemental. Il n'empêche : Eric Woerth, fidèle et inébranlable bras droit de Nicolas Sarkozy n'est pas loin de revendiquer la paternité de ce texte. Il s'est réjoui que «Les Républicains et les chefs d'entreprise aient été entendus». Le singulier député LR Frédéric Lefebvre et son collègue de l'UDI Philippe Vigier n'ont pas hésité, eux, à lancer un appel à voter, au Parlement, en faveur de «cette avancée incontestable». Appel entendu par Bruno Le Maire qui expliquait jeudi matin sur RMC qu'il voterait «en l'état» le projet du gouvernement.

Dans l'opposition, il est de bon ton de regretter que cette réforme vienne si tard. «Que de temps perdu», se désolait lundi la porte-parole de LR, Brigitte Kuster. Mais qui donc a perdu du temps ? Ce pouvoir socialiste, empêtré dans ses contradictions, répondent les sarkozystes.

Pour ceux qui n'attendent plus rien de Sarkozy, la faute est bien plus ancienne. A leurs yeux, cette loi El Khomri, aussi improbable qu'inespérée, agit comme un révélateur de ce qui n'a pas été fait entre 2007 et 2012. «Ce sont des mesures que la droite aurait peut-être dû appliquer plus tôt», a ainsi souligné Jean-François Copé. Il votera pour cette «avancée qui va donner plus de liberté en France pour embaucher et s'adapter à la réalité économique». Depuis qu'il est sorti du purgatoire où l'avait précipité le scandale Bygmalion, le député-maire de Meaux est le plus impitoyable pourfendeur du bilan de Sarkozy.

Mais il est loin d'être le seul. Le président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Xavier Bertrand, est à peine moins sévère. Sur France Inter, il a renvoyé dos à dos l'actuel et l'ancien chef de l'Etat : «C'est quand même dommage qu'à chaque fois, les lois importantes on y pense, mais on ne les fait qu'en fin de quinquennat et non au début. La TVA sociale, plutôt que de la voter au début du quinquennat, en 2007, on ne l'a fait qu'à la fin».

Sans doute n’est-ce qu’un début. La primaire approchant, les candidats de droite vont redoubler, dans les prochains mois, d’ardeur réformatrice. Pris de cours par le virage schröderien du duo Hollande-Valls, ils seront tentés de souligner combien tout cela met cruellement en évidence la frilosité passée de leur concurrent, Nicolas Sarkozy.