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Libération

Air Cocaïne : un Français extradé vers la République dominicaine

Christophe Naudin, qui a contribué à l'évasion des deux pilotes détenus à Saint-Domingue, s'est rendu imprudemment en Egypte alors qu'un mandat d'arrêt international avait été lancé contre lui. Samedi, Le Caire l'a extradé.
Christophe Naudin, le 17 février, sur Europe 1. (Capture d'écran Europe 1)
publié le 28 février 2016 à 16h45

L’imbriglio juridico-diplomatique entre la France et la République dominicaine se complique un peu plus. Samedi, l’Egypte est entrée dans la danse de l’affaire Air Cocaïne en validant l’extradition vers Saint-Domingue d’un citoyen français, Christophe Naudin, dont l’une des multiples casquettes l’avait entretemps conduit au pays des pharaons.

Air cocaïne, pour mémoire, c'est l’histoire de cet avion d’affaires (propriété du lunetier Alain Afflelou, qu’il sous-loue fréquemment pour en amortir le coût) ayant effectué, fin 2012-début 2013, plusieurs aller-retour entre la France et l’île des Caraïbes. Suspectant un trafic de drogue, la justice française était sur les dents depuis plusieurs mois quand elle s’est fait doubler par son homologue dominicaine, orchestrant en mars 2013 un flagrant délit sur le tarmac de Punta Cana, saisissant dans les soutes une vingtaine de valises contenant 680 kg de coke. Depuis, deux des pilotes de l’appareil, Alain Castany et Nicolas Pisapia, sont poursuivis localement – condamnés à vingt ans de prison en première instance, ils attentent leur procès en appel. Deux autres participants de l’équipée, Bruno Odos et Pascal Fauret, ont pris la tengeante en octobre dernier, par la mer puis les airs. Ils sont depuis incarcérés en France, préférant manifestement les geoles hexagonales.

Conventions

Christophe Naudin est l’un de ceux ayant orchestré leur évasion – aux côtés de deux ex-membres du FN, l'eurodéputé Ameyric Chauprade et Pierre Malinowski, un proche de Jean-Marie Le Pen.

Autoproclamé criminologue, Christophe Naudin, expert en sécurité aérienne, revendique une «opération de sauvetage de deux personnes condamnées à mort si elles étaient restées sur place», tout en passant sous silence le sort des deux autres demeurant aux mains d'une justice dominicaine moins scrupuleuse et désormais agacée. Le diable sait pourquoi Naudin a pris le risque de quitter le territoire français pour se rendre début février en Egypte, quand Chauprade et Malinowski restent prudemment à domicile – la France n'extrade jamais ses ressortissants. Son épouse, Michèle Naudin, est à deux doigts de reprocher à la diplomatie française de n'être pas intervenue auprès de son homologue égyptienne. Mais le parquet général du Caire, tenu par des conventions d'extradition, pouvait difficlement faire autre chose que d'exécuter le mandat d'arrêt international lancé par la République dominicaine contre les complices de l'évasion.

La justice française conserve toutefois un coup d’avance, car elle poursuit également les commanditaires du présumé trafic de cocaïne (Libération du 28 octobre), Saint-Domingue ne détenant sous sa main que deux petites mains. Idem pour les complices de l’évasion: la France en conserve deux sur trois.