Peut-on construire en zones inondables ? Curieusement, oui. Et on ne se gêne pas. Certes, dans les zones classées «rouge», l’interdit règne. Mais dans les bleues, à risque «moyen», cela se discute. Si le plan local d’urbanisme le permet et si les règles qu’il fixe sont respectées, promoteurs et investisseurs peuvent se lancer. Résultat en Ile-de-France : 100 000 logements édifiés dans des zones inondables depuis 1980.
Maisons flottantes. L'avidité de maires voulant développer leur commune à tous crins est-elle en cause ? Pas forcément. C'est plutôt le manque de foncier en région parisienne qui pousse les décideurs à voir dans ces zones un gisement de terrains exploitables. Les élus s'entendent continuellement dire qu'il faut «construire la ville sur la ville». Ils le font là où ils ont de la place, c'est-à-dire souvent là où se trouvaient leurs industries. Des communes comme Ivry-sur-Seine ou Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), ont des centaines d'hectares à aménager sur ces friches, au bord de la Seine et de la Marne. La contradiction entre les besoins urbains et le risque n'est pas simple.
Techniquement, construire en zone inondable consiste surtout à limiter les dégâts. Il faut remonter les rez-de-chaussée, interdire les pièces à vivre à ce niveau, prévoir l’évacuation des habitants par l’extérieur, choisir des bétons qui bloquent les remontées par capillarité et placer tous les équipements techniques en hauteur, même l’électricité qui peut être distribuée par les plafonds. Plus audacieux encore, certains constructeurs proposent des maisons flottantes. La société Batiflo construit ses édifices sur un coussin qui se gonfle au fur et à mesure de la montée des eaux. Un système de guidage empêche la maison de partir de travers. Cette solution, assurent ses concepteurs, n’alourdit pas les coûts de chantier. Reste à démontrer qu’elle puisse s’adapter à des immeubles plus imposants qu’une maison.
Xynthia. Au-delà des bâtiments, certains architectes, comme Bernardo Secchi et Paola Viganò, préconisent, au sein de l'Atelier international du Grand Paris, d'avoir une «analyse globale de la vulnérabilité» et une «préparation des populations». «La proximité de l'eau permettrait de renforcer le lien ville-nature ainsi que de nouveaux modes d'habiter», espèrent-ils. En 2009, Sarkozy proclamait qu'il fallait construire dans les zones inondables du Grand Paris. En 2010, après Xynthia, tempête qui entraîna la mort de 29 personnes coincées dans leurs maisons de La Faute-sur-Mer, il n'en a plus parlé.