«Apaisé» : ce nouveau mot d'ordre du Front national qualifie assez bien la visite de Marine Le Pen au Salon de l'agriculture, entamée mardi matin et qui devrait se prolonger jusqu'à la fin d'après-midi. Trois jours après l'accueil très mouvementé réservé à François Hollande, la présidente du FN a quant à elle fait l'objet d'une curiosité bienveillante de la part du public, récoltant quelques encouragements et guère de réactions hostiles. Arrivée sur place vers 8 h 30, Marine Le Pen s'est livrée à la traditionnelle déambulation entourée de nombreuses caméras. Et n'a pas manqué une occasion de fustiger l'Union européenne, jugée responsable des maux de l'agriculture française.
«Bras de fer»
«Il faut sortir du débat franco-français et engager un violent bras de fer avec Bruxelles, a-t-elle lancé en début de visite. Pour sauver la peau des agriculteurs et des éleveurs français, il faut avoir la peau de Phil Hogan», le commissaire européen à l'Agriculture de nationalité irlandaise accusé de promouvoir un libre-échange à tous crins. Sur un ton plus guerrier qu'«apaisé», l'eurodéputée Le Pen a également évoqué «un salon de combat [pour] mener la guerre à Bruxelles». Et flatté les agriculteurs en assurant soutenir leur combat «de manière inconditionnelle».
Ces dernières semaines, le Front national a multiplié les prises de position sur la question agricole, réclamant notamment la levée des sanctions contre la Russie, l'étiquetage obligatoire de tous les aliments ou encore l'abrogation de la directive sur le détachement des travailleurs, «qui permet à l'Allemagne et l'Espagne d'exploiter à bas coût des centaines de milliers de travailleurs étrangers». Appliquant à l'agriculture son discours souverainiste, le FN réclame également de longue date l'abandon de la politique agricole commune (PAC) européenne. Encore largement acquis à la droite «traditionnelle», les agriculteurs n'en avaient pas moins voté à 19,5 % pour Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2012, contre 18 % pour l'ensemble des Français.