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Moussa sort de prison, mais reste bloqué au Bangladesh

L'humanitaire de l'ONG islamique Baraka City était emprisonné depuis plus de deux mois.

Moussa Ibn Yacoub, de l'ONG BarakaCity, était retenu prisonnier au Bangladesh depuis le 22 décembre. (Photo BarakaCity)
Publié le 01/03/2016 à 16h26

Son frère Georges insiste : «Ça a l'air d'aller mieux, il est souriant : ça s'entend dans sa voix.» Moussa Ibn Yacoub – son nom musulman depuis sa conversion –, travailleur humanitaire de l'ONG islamique Baraka City, est sorti de la prison bangladaise où il était enfermé depuis le 22 décembre. Il a pu immédiatement joindre sa famille, qui assure qu'il est en bonne santé.

Moussa n'est pas tout à fait libre pour autant. Il a interdiction de quitter le Bangladesh. «Il a été placé en liberté conditionnelle, mais l'enquête se poursuit en parallèle», confirme le Quai d'Orsay. Selon son avocat, Samim Bolaky, sa sortie a été obtenue «à la suite d'un pourvoi en cassation formé devant la Cour suprême». Auparavant, rappelle Me Bolaky, «la Magistrates' Court en première instance, puis la High Court, en appel, avaient refusé sa remise en liberté».

Confusion

La décision de la justice bangladaise ne préjuge en rien de ce qui sera décidé sur le fond. «On attend toujours le rapport de la police» qui doit préciser les faits qui lui sont reprochés, rappelle son frère Georges. Ce document décidera «soit de l'abandon des charges, soit de la poursuite au fond devant une juridiction correctionnelle», explique son avocat. Moussa Ibn Yacoub avait été placé en détention provisoire sur la base de trois éléments : «Usurpation d'identité», «travail illégal» et «activités suspectes».

En tant que responsable de Baraka City pour la région Asie, il intervenait auprès des Rohingya, minorité musulmane persécutée de la Birmanie voisine. Moussa, 28 ans, était arrivé dans le pays avec un visa de tourisme valable cinq jours. Il aurait exercé une activité humanitaire sans autorisation du gouvernement. «Il n'a pas fait d'humanitaire à proprement parler, conteste son avocat. Il travaillait juste à un rapport pour son association.» Le soupçon d'usurpation d'identité proviendrait quant à lui d'une confusion puisque ses documents officiels mentionnent son nom d'avant sa conversion: Puemo Maxime Tchantchuing. Sur ce point, l'intervention de l'ambassade de France aurait permis de lever le doute. Enfin, selon Me Bolaky, le volet «activités suspectes» est une désignation «fourre-tout qui permet de mettre en œuvre des moyens d'investigations». L'avocat assure en tout cas que les soupçons de terrorisme ont été écartés dès le mois de janvier.

Le jeune homme, originaire de Montreuil, a déjà posté mardi après-midi plusieurs photographies de lui entouré de membres de Baraka City sur les réseaux sociaux. L'association dit cependant «rester vigilante». Une fausse alerte sur la libération de Moussa avait déjà circulé au mois de janvier. Cette fois, son frère Georges a l'air plus optimiste. «Désormais, ça peut évoluer très vite, veut-il croire. Et dans le bon sens, bien sûr.»