Ils ont prévu de débouler à 500 à Paris ce lundi via une dizaine de bus à 1 euro le voyage. Cinq cents Calaisiens qui, à l'appel d'un collectif d'entrepreneurs, viendront dire leur désespoir devant la situation économique dégradée de la ville. Ils l'attribuent à la «mauvaise image» donnée par la jungle, qui ferait fuir les touristes anglais. Principale revendication : un moratoire fiscal. «Vu le déficit d'image, c'est devenu extrêmement compliqué de faire du business», explique Frédéric Van Gansbeke, le pâtissier à la tête du mouvement qui regroupe, selon lui, 700 entreprises. «C'est une aide indispensable pour empêcher que certaines entreprises ferment», assure-t-il. D'après lui, depuis six mois, les restaurants ont perdu «30 à 40 % de leur chiffre d'affaires» et le commerce de détail «15 à 20 %». François Hollande aurait répondu favorablement à cette demande de moratoire lors d'une rencontre, vendredi à l'Elysée, avec des élus, dont la maire (LR) de Calais, Natacha Bouchart : «Nous avons évoqué la question du moratoire fiscal, à laquelle le Président a répondu positivement», a-t-elle assuré à la sortie. «C'est un premier pas, mais on souhaite des réponses écrites», rétorque Van Gansbeke.
Dès mardi, selon la maire, les premiers dossiers pourront être déposés pour un report, voire une suppression, des charges fiscales. Une délégation devrait être reçue ce lundi à Bercy. Les socioprofessionnels se rendront aussi devant le Quai d'Orsay et à l'Elysée, où ils espèrent être reçus. Ils y expliqueront que l'image «désastreuse» de la jungle va leur «coller à la peau pendant de nombreuses années». Pour Van Gansbeke, il faut la démanteler «de façon humaine et pérenne» afin de ne plus avoir «un bidonville aux portes de la ville». Il suggère de créer «un camp aux normes HCR [le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU, ndlr], avec un contrôle des entrées et des sorties, parce que ce n'est pas open bar non plus» : «Je n'ai pas dit d'enlever le camp. Les migrants ne me posent aucun problème, on peut cohabiter, à 6 000 ou 8 000. Il faut un camp digne de la France.» Il ne voit pas d'autre solution, «à part repousser l'Angleterre à plus de 100 km». Le pâtissier ne croit pas la position de l'Etat, qui refuse d'organiser des conditions d'hébergement décentes au motif que cela créerait un «appel d'air» : «Ce discours, je l'ai entendu il y a dix-huit mois, on avait alors 800 migrants. On est montés à presque dix fois plus avec juste un bidonville.»