OK pour modifier. Pas pour se coucher. Au lendemain des manifestations des organisations de jeunesse et d'une partie de la gauche et des syndicats contre le projet de réforme du code du travail, François Hollande a exclu tout retrait du futur projet de loi porté par sa ministre du Travail, Myriam El Khomri. «L'idée, c'est pas de retirer ce qui d'ailleurs n'a pas encore été adopté, n'a pas encore été présenté, n'a pas été encore précisé, a répondu le chef de l'Etat à une question d'un journaliste en conclusion d'une visite d'entreprise à Moissy-Cramayel (Seine-et-Marne). La vie, c'est pas de se retirer, ni de retirer. La vie, c'est d'avancer. […] Mais avancer en faisant en sorte que nous puissions donner des garanties et aux uns, et aux autres.»
Le projet de loi reste donc inscrit à l'agenda du conseil des ministres (au 24 mars). Un texte qui arrivera modifié, a confirmé Hollande : «Il y a des discussions qui se poursuivent. La loi peut être améliorée. Il y a forcément des éclaircissements à donner, des corrections à établir par rapport à ce qui pouvait être mis dans une première intention.» Pas question pour le chef de l'Etat de se mettre à dos la jeunesse dont il a fait «la priorité» de son quinquennat. Et de finir son mandat avec de grandes mobilisations de cette même jeunesse sur une question qui touche aux fondamentaux des socialistes : le travail. «C'était ma priorité et elle ne changera pas […] Des ressources seront dégagées pour elles», a-t-il insisté devant les journalistes et les salariés de Forsee Power, PME de 250 salariés – dont 90 en France – qui fabrique des systèmes de batteries.
«Il faut entendre cette jeunesse»
A entendre Hollande, il s'agirait ainsi d'un malentendu entre lui et ceux qui s'opposent à ce projet de loi. Car son «esprit», a-t-il ajouté, c'est «qu'il y ait plus d'embauches, plus d'emplois et qu'il y ait plus de jeunes qui entrent en CDI». «Une bonne partie de la jeunesse s'interroge sur son avenir et je la comprends, a expliqué Hollande, insistant sur la précarité, la difficulté d'accéder au marché du travail.» «Si des réformes ont été engagées, si d'autres vont être menées, c'est pour que la jeunesse puisse avoir un avenir plus clair, plus serein, a-t-il répété, souhaitant plus de stabilité, d'autonomie et de liberté.»
Signe qu'il s'agit de retrouver l'oreille des jeunes alors qu'une nouvelle journée de mobilisation est annoncée pour le 17 mars, Hollande s'est autorisé quelques minutes en aparté avec les journalistes avant de partir. «Ce qu'expriment les jeunes, c'est ce sentiment de précarité. C'est à celui-là qu'il faut répondre», a-t-il souligné. Hollande a rappelé qu'un autre projet de loi à venir, «égalité et citoyenneté», leur était destiné. «Il faut entendre cette jeunesse […] écouter, ressentir, répondre, ouvrir la concertation», a-t-il martelé, confirmant que c'est lui qui a demandé au Premier ministre, Manuel Valls, de recevoir les organisations de jeunesse vendredi à Matignon.