0n va se bousculer ce dimanche 13 mars à 2447 mètres d’altitude, au sommet des Vans, joli sommet à deux têtes - le Grand Van et le Petit Van - situé directement au-dessus de l’agglomération grenobloise. Vingt-cinq organisations, mêlant fédérations sportives montagnardes (FFME, FFCAM, FSGT), clubs de skieurs de randonnée, notamment universitaires, professionnels (guides, accompagnateurs) et bien sûr associations écologistes (Mountain Wilderness, Frapna, LPO) appellent à manifester, skis ou raquettes aux pieds, contre un projet d’extension étudié par la station voisine, Chamrousse.
La mobilisation du très actif milieu du ski de rando grenoblois, auquel appartient entre autres le maire écologiste Eric Piolle, ne fait guère de doute: les Vans et leur célèbre vallon, orienté au nord, représentent l’un de ses terrains de jeu les plus fréquentés, tout l’hiver. C’est une randonnée facile d’accès, sans difficulté technique majeure, superbe et généralement bien enneigée.
Au-delà, c’est un site naturel d’exception: situation, préservation, faune, flore… Les écologistes-montagnards y tiennent bien entendu. Le vallon des Vans, resté jusqu’à aujourd’hui vierge de tout équipement, est convoité depuis longtemps par les aménageurs. En 2000, les défenseurs du site avaient obtenu son classement par l’Etat (protection du paysage) puis, en 2003, son inscription en zone Natura 2000 (protection des espèces et du milieu). Cette double «protection» rend a priori difficile l’obtention d’un permis d’aménager par la commune de Chamrousse.
On sait pourtant – les exemples abondent sur cette dernière décennie — que le milieu de l’or blanc et du ski de piste détient une puissance de feu politique et réglementaire hors du commun, tant ses enjeux économiques et commerciaux à court terme sont importants.
C’est justement sur ce terrain que les montagnards, sportifs et écologistes mêlés, convergent, avec le soutien de scientifiques mais aussi d’organismes comme la Cour des comptes: dans le contexte d’un réchauffement climatique particulièrement aigu en montagne, tous appellent à une mutation du modèle touristique montagnard. L’ancien modèle, toujours d’actualité dans les stations des Alpes, est fondé sur la multiplication des aménagements, lourds travaux de pistes, généralisation des canons à neige, nouvelles remontées mécaniques et liaisons inter-domaines, programmes immobiliers…
«Face aux dérèglements climatiques, les sites vierges et préservés comme le vallon des Vans sont les seuls atouts garants d'un tourisme durable sur quatre saisons, porteurs d'emplois pérennes, soulignent les organisateurs de la manifestation des Vans. En ce sens, préserver l'arrière de Chamrousse est une priorité pour le tourisme estival et d'intersaisons. Une autre vie économique en montagne est possible, sans pour autant multiplier les aménagements».
Dimanche, la manifestation aura pour objectif très symbolique de former un cœur humain sur la montagne. Demain, si le dossier devait avancer malgré tout, une partie des montagnards grenoblois se disent prêts à défendre bec et ongles les Vans, érigé au statut de sommet emblématique, contre les bulldozers et les explosifs… Une «ZAD d’altitude» en puissance.
Plus d'infos: www.rassemblement-vans.mountainwilderness.fr