Les travailleurs ont la cote en ce moment. Mais qui d’autre que Lutte ouvrière pour défendre leur «camp» en 2017 ? Réuni en congrès ce week-end, le parti a annoncé lundi, devant une poignée de journalistes, qu’il se lançait dans la course à la présidentielle. Et c’est Nathalie Arthaud qui y va, espérant surfer sur la vague de mobilisation contre la loi Travail. C’est la réforme qui tombe à pic pour LO, porteuse d’espoir de grandes luttes. Elle pourrait être le déclencheur de la révolution tant attendue, celle qui sonnera le glas du capitalisme. Presque une aubaine, en somme. «C’est peut-être la mesure de trop et c’est tant mieux, nous mettrons toutes nos forces pour que la mobilisation prenne de l’ampleur», confirme Arthaud.
A la tribune, l'héritière d'Arlette Laguiller rappelle les principes de base : la vie des travailleurs ne changera véritablement que par la lutte, un soulèvement massif de la classe ouvrière. Bon, s'ils pouvaient en plus de descendre dans la rue, aller aussi aux urnes… «Aucune élection ne peut suffire, mais il faut que les travailleurs soient présents […] qu'ils apparaissent comme une classe politique. Les autres candidats se présenteront au nom des Français, des citoyens, du peuple, prétendant représenter un intérêt général qui n'existe pas. Car si on est tous dans le même bateau, certains rament quand d'autres se la coulent douce en première classe. […] Pour garantir les intérêts des travailleurs, il faut faire payer la bourgeoisie», a dit la porte-parole LO.
[ Nathalie Arthaud annonce sa candidature à l... ]
par libezap
«Cette envie de résister»
Elle a réalisé un score de 0,56% lors de la présidentielle de 2012 (200 000 voix). Aux dernières régionales, le parti, présent dans 13 régions, a atteint 1,5% (320 000 voix). Une progression qui fait dire à la porte-parole que «le courant est certes minoritaire mais il existe, il est vivant et est conforté. Cela prouve qu'il y a dans la classe ouvrière des gens qui ne baissent pas les bras et se battent. Il y a à nouveau cette envie de résister, d'en découdre. […] Les travailleurs sont dans un rapport de force défavorable mais les choses peuvent changer vite». La candidate fraîchement déclarée est d'ailleurs convaincue que les électeurs LO «entraînent les autres» dans la mobilisation contre le projet de loi El Khomri. Avec cette réforme, «le gouvernement se présente pour ce qu'il est : un gouvernement de combat contre les travailleurs […] cela saute aux yeux et aura fait naître une opposition qui, nous l'espérons, réveillera la combativité du monde ouvrier.»
Pour mieux justifier sa candidature, Arthaud a fait le bilan du quinquennat socialiste, «une longue suite de reniements et de trahisons» : «la réforme des retraites, l'augmentation de la TVA, la loi compétitivité de 2013, le pacte de responsabilité, la loi Macron et maintenant le dynamitage du code du travail, comme un ultime cadeau au patronat que même la droite n'aurait pas osé faire», énumère la candidate du courant communiste révolutionnaire. Elle n'épargne pas François Hollande, lui qui «avait fait campagne en présentant la finance comme son ennemi et ne jure aujourd'hui que par la réussite individuelle», celui qui «voulait plafonner les salaires exorbitants des PDG et finit par plafonner les indemnités prud'homales». Et la porte-parole d'observer que «tous les raisonnements ont pour point de départ les angoisses et problèmes des entreprises, du patronat», quand LO «parle des travailleurs, des difficultés de la précarité, de l'angoisse de perdre son boulot.»
«Société folle»
Elle n'est pas plus tendre avec le PCF ou avec Jean-Luc Mélenchon, qui «ne représentent plus depuis longtemps le camp des travailleurs». Ils «prêchent», avec le PS, la «résignation». «Mélenchon veut ressusciter une vraie gauche autour de lui tout en expliquant que la bonne politique est possible dans le cadre de ce système, qu'il n'est pas besoin de mettre fin à la loi du marché et à la domination du capital». Elle fait l'addition de «tous les sacrifices acceptés par les travailleurs pour cette société folle» qui finira par leur «exploser à la figure» en «nouveau krach financier».
LO va donc se lancer dans la chasse aux 500 parrainages. La campagne s’articulera autour des journaux du parti, et des déplacements de la candidate en province à la rencontre des militants et travailleurs. Bref, rien de révolutionnaire.