Le cardinal Philippe Barbarin a affirmé ce mardi, lors d'une conférence de presse à Lourdes, qu'il n'a «jamais couvert le moindre acte de pédophilie», et assuré qu'il prenait ses «responsabilités», après la nouvelle plainte déposée concernant des agressions sexuelles présumées commises par un prêtre de son diocèse de Lyon.
«Je veux dire avec la plus grande force que jamais, jamais, jamais je n'ai couvert le moindre acte de pédophilie», a lancé l'archevêque de Lyon, lors d'une conférence en marge de l'assemblée des évêques à Lourdes, laissant échapper cette phrase au passage : «La majorité des faits, grâce à Dieu, sont prescrits».
Ces propos ayant suscité un tollé immédiat sur les réseaux sociaux, et une vive réaction d'un représentant des victimes (lire plus bas), Philippe Barbarin a ensuite admis : «C'est une erreur de mon langage, je le reconnais volontiers».
«Une plainte est déposée contre moi pour incitation au suicide par un haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur. De quoi s'agit-il ? Qui ai-je incité au suicide ? C'est inimaginable, cette affaire-là», a par ailleurs assuré Mgr Barbarin. «Le Premier ministre me demande de prendre mes responsabilités et je lui promets que je les prends», a-t-il ajouté, se disant confiant que Manuel Valls «connaît mieux que moi les lois de la République» et «respecte la présomption d'innocence».
Cette plainte, déposée par une personne haut placée au ministère de l’Intérieur, vise des faits de «mise en danger de la vie d’autrui et provocation au suicide», a indiqué le diocèse de Lyon dans un communiqué. Elle fait suite à une première plainte déposée en 2009 à l’encontre du prêtre, classée sans suite par la justice pour cause de prescription.
«Pathétique», selon un porte-parole de victimes
Bertrand Virieux, porte-parole de l'association des victimes du prêtre en question, a réagi en expliquant avoir trouvé «pathétique» l'intervention du cardinal Barbarin. «Si le cardinal pense prendre toutes ses responsabilités en se comportant de cette manière et en disant "Dieu soit loué, les faits sont prescrits", ce n'est pas du tout quelque chose que les victimes peuvent entendre avec satisfaction», a-t-il ajouté.
«Il aurait été tout à fait logique qu'il passe le flambeau à quelqu'un de compétent, qui sache entendre les victimes et comprendre la problématique majeure de la pédophilie dans l'Église», a poursuivi ce membre fondateur de l'association «La Parole libérée».
«D'autres affaires du même type vont être révélées dans les tout prochains jours», a-t-il indiqué, précisant qu'elles n'émaneraient pas de l'association.