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Ile-de-France : Pécresse aborde le logement avec un combat «anti-ghettos»

La présidente LR de la région présente au vote du conseil jeudi et vendredi une limitation des financements des logements les plus sociaux dans certaines communes.

Valérie Pécresse, le 20 janvier, à Paris. (Photo Jacques Demarthon. AFP)
Publié le 16/03/2016 à 19h13

Le terme est assez peu administratif. C'est pourtant bien une délibération intitulée «dispositif anti-ghettos» que Valérie Pécresse va soumettre au vote du conseil régional jeudi. Il s'agit, peut-on lire dans le texte de la délibération, de «casser les ghettos urbains qui se sont constitués dans certains quartiers de la région». Comment ? En mettant «un terme au financement logements très sociaux dans les communes franciliennes qui comptent d'ores et déjà plus de 30% de logements sociaux». Cette «mesure forte» doit servir à «la déghettoïsation souhaitée par les habitants».

Techniquement, Valérie Pécresse veut cesser de contribuer à financer les PLAI-I, prêts accordés aux bailleurs qui construisent les logements les plus sociaux. Les HLM sont bâtis avec différents types de financement, qui aboutissent à des niveaux de loyers variés et parfois assez élevés. 80% des Franciliens ayant des revenus inférieurs au plafond HLM, bailleurs et communes peuvent construire beaucoup de logements sociaux en n’en attribuant jamais un seul aux plus pauvres.

«Une mesure d’économie»

Le PLAI-I finance toujours les opérations les plus ric-rac : pour que le loyer final soit bas, chaque euro apporté à la construction compte. «Sans le financement de la région, une opération très sociale peut être bloquée», explique-t-on dans l'entourage d'Emmanuelle Cosse, la ministre du Logement. Que se passera-t-il alors ? «Les bailleurs iront voir madame Pécresse en lui demandant ce qu'ils font des opérations en cours.»

La même source voit surtout dans cette annonce «une mesure d'économie rhabillée en mesure politique». Mais si Valérie Pécresse cherche une source de fonds, elle va avoir du mal à la trouver là. Du côté de l'Etat, on rappelle que, dans les communes qui ont déjà plus de 50% de logement social, le PLA-I n'a représenté l'an dernier que 3% des financements. Sachant qu'il faut inclure dans ces chiffres les logements étudiants et les foyers. Gros gain à la clé ? Même pas sûr.

Le choix d'un mot comme «ghetto» est révélateur. «C'est une posture politique», estime Christian Nicol, membre du Haut Comité pour le logement des plus défavorisés.