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Libération
Témoignage

Arthur, 20 ans, étudiant en licence à la Sorbonne : «Le carburant de la lutte, c’est l’espoir de changer le système»

publié le 17 mars 2016 à 20h01

«Ce projet du gouvernement est très concret : on comprend rapidement quelles implications cela peut avoir dans le monde du travail, et c'est ça qui pousse les gens à se mobiliser. Beaucoup d'étudiants sont salariés, avec des contrats précaires, ce qui leur pose des difficultés de réussite aux examens. On sait que si l'on n'agit pas maintenant, il sera encore plus difficile de le faire par la suite, quand nos droits auront été rognés. Mais il existe aussi une remise en cause plus générale d'un système qui a montré ses limites : le capitalisme néolibéral, bâti autour du salariat et du productivisme. On veut proposer un nouveau projet, une République sociale qui s'affranchirait des cadres de domination traditionnels. On vit aujourd'hui dans une République bourgeoise, qui promeut surtout le principe de propriété. Les néolibéraux disent que l'Etat ne sert à rien : c'est faux, il a vocation à édicter des normes pour protéger les citoyens. Il y a chez les manifestants un vrai ras-le-bol. Le PS au pouvoir agit de façon court-termiste, les promesses les plus sociales de Hollande n'ont pas été respectées. Mais l'indignation seule ne suffit pas. Le carburant de la lutte, c'est l'espoir de changer le système. Or, l'idée même de combat, de marcher dans la rue, est devenue passéiste aux yeux de certains. C'est la réussite du système. On le voit dans la mobilisation : les étudiants qui manifestent font partie des classes privilégiées. L'enjeu, c'est d'aller plus loin. On va organiser un meeting à la fac en invitant des salariés de Tang Frères [chaîne de supermarchés asiatiques, ndlr] qui ont fait grève l'an passé pour leurs conditions de travail. Ça permet d'être dans le pratique.»