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Débats

Ile-de-France : le «dispositif anti-ghettos» de Pécresse fait des vagues

Valérie Pécresse défend la suppression des financements pour les logements très sociaux dans les communes ayant plus de 30% de HLM en la présentant comme une mesure pour la mixité sociale.
La présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, le 10 février, à Paris. (Photo Thomas Samson. AFP)
publié le 17 mars 2016 à 18h53

Le conseil régional d'Ile-de-France devait débattre ce jeudi du programme de sa nouvelle présidente Valérie Pécresse sur le logement. Il a en fait commencé par un échange énervé entre cette dernière et le président du groupe socialiste Carlos Da Silva. Sujet : la houleuse réunion d'information convoquée par le maire LR Claude Goasguen autour du projet de centre d'hébergement d'urgence prévu dans le XVIe arrondissement de Paris. Durant cet échange à l'université Paris-Dauphine, des riverains avaient, entre autres, traité la préfète de «salope» et le président de l'université de «fils de pute».

«Quelle honte ! s'est exclamé Da Silva. Est-ce la vision que votre majorité politique souhaite promouvoir ?» Valérie Pécresse répond en soulignant d'abord que l'hébergement est une compétence de l'Etat. «Je pourrais m'en tenir là […] Mais je tiens ici politiquement, à apporter tout mon soutien à la position qui a été celle des élus Les Républicains du XVIe, et des centristes, et des élus UDI et du Modem.» Prise de position qui pour elle, «se résume à une phrase : un centre d'hébergement, oui, mais pas dans le Bois de Boulogne.» Sur les insultes, pas un mot. Parler d'un point pour ne pas évoquer l'autre : vieille tactique politique.

Même manœuvre autour du logement, dossier principal de la journée. Au vu de la campagne et parce que les premiers mois de sa présidence collent point par point à ses thèmes, on s'attendrait à ce que Valérie Pécresse synthétise sa philosophie dans ce domaine avec un document programmatique de référence. Pas du tout. Elle présente quatre délibérations, assez courtes et n'entrant pas dans les détails. Les opposants, à gauche comme à l'extrême droite, parlent de «déclarations d'intentions», de «tracts». «Nous ne voyons pas ce qu'est votre vision», dit le socialiste Maxime Des Gayets qui en fait, la voit très bien.

«Une mauvaise blague»

Pour la gauche, la «vision» de la droite se trouve résumée dans la deuxième délibération, crânement intitulée «dispositifs anti-ghettos». Techniquement, il s'agit de ne plus financer de logements très sociaux (le PLAI) dans les communes ayant déjà 30% de HLM. «Un dispositif anti-ghettos ! Nous avons d'abord cru à une mauvaise blague. Quelle honte…», soupire Jean-Marc Nicolle, des radicaux de gauche. «Votre rapport est juste un rapport anti-pauvres, un rapport discriminant qui pointe des quartiers», ajoute Mounir Satouri pour le groupe EE-LV.

Vice-président en charge du logement, Geoffroy Didier tente de défendre qu'il avance «sans idéologie, sans savoir si les maires sont de gauche ou de droite. Oui, il faut plus de mixité sociale : nous allons assumer une politique très claire». L'engagement est répété, mais aucune mesure n'est prévue pour donner des moyens afin de construire ces logements très sociaux dans les communes déficitaires en HLM. Donc un manque le levier principal pour aller vers plus de mixité.

Quant aux populations concernées, elles sont absentes des débats. A part l'écologiste Mounir Satouri, qui a évoqué «les infirmières, les gardiens de la paix, les pompiers, les cadres moyens de PME» qui sont éligibles à ces logements très sociaux, personne n'en a parlé.