«Ça fait longtemps que le gouvernement fait passer des trucs limites : la déchéance de nationalité, l’état d’urgence… J’ai aussi manifesté contre les violences policières. Mais ma première marche, c’était pour Leonarda. Je ne pensais pas qu’un gouvernement de gauche pouvait nous faire tout ça. La semaine dernière, j’étais à fond sur le blocus dans notre lycée. J’en suis tombée malade, avec la pluie, le froid… Aujourd’hui, je ne voulais pas louper la manif. Bien sûr, je ne comprends pas tout le texte, mais la loi donne à mon avis beaucoup trop de pouvoir à l’employeur. Il peut tout décider : c’est quand même un retour en arrière, non ? Les heures sup moins payées, l’augmentation du temps de travail, les licenciements facilités, etc. Ça me met un gros stress. Déjà, on va galérer en entrant sur le marché du travail, puis on va partir à la retraite super tard, et entre les deux, on ne va pas être protégés dans notre travail ! Ma génération n’a pas envie de payer les pots cassés. On veut montrer qu’on est là, qu’ils ne peuvent pas faire une loi sans penser à nous, à nos droits. On exprime un ras-le-bol général qui est plus grand que ce texte. Beaucoup de gens pensent que les jeunes ne sont pas politisés : c’est faux ! Le recul du gouvernement cette semaine, même si c’est pas assez, nous motive pour continuer. Ça marche : on leur fait peur. Il ne faut pas s’arrêter ! Mieux vaut avoir trois absences du lycée à cause des manifs que de galérer toute ma vie… Au-delà de mon avenir personnel, j’ai envie de m’engager car je sens un climat de tension dans la société. La montée du FN, surtout, me fait vraiment flipper. Je vais avoir 18 ans pile entre les deux tours de l’élection présidentielle : bien sûr, je suis déjà au taquet pour aller voter.»
Témoignage
Juliette Watkin, 16 ans, en première L au lycée Hélène-Boucher : «Ils ne peuvent pas faire une loi sans penser à nous»
par Célian Macé
publié le 17 mars 2016 à 20h01
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