Ce n’est pas l’aspect le plus commenté de sa doctrine, mais le FN prend régulièrement position sur les questions internationales. Les déclarations de Marine Le Pen, qui devrait effectuer plusieurs déplacements à l’étranger dans les prochains mois, dessinent ainsi une géopolitique frontiste, avec ses alliés, ses modèles, mais aussi ses adversaires.
Russie la grande amie
Dès 2011, la présidente du Front national déclarait «admirer» Vladimir Poutine. Régime autoritaire et conservateur appuyé sur le clergé orthodoxe, la Russie représente en outre un contrepoids géopolitique aux Etats-Unis, et un adversaire de l'islamisme dans le Caucase et en Syrie. Le programme du FN propose donc une «alliance stratégique poussée» avec la Russie, «fondée sur un partenariat militaire et énergétique». Un partenariat qui est déjà une réalité pour le FN, le parti ayant obtenu un important prêt auprès d'une banque russe en 2014.
Egypte, Syrie les «moindres maux»
Le Front national soutient de longue date les régimes arabes nationalistes, laïcs et autoritaires de type baasiste. Lors de la première guerre du Golfe, Jean-Marie Le Pen avait ainsi pris fait et cause pour l'Irak de Saddam Hussein. Le maréchal Al-Sissi en Egypte ? «Un homme courageux qui est en train de faire [de son pays] l'un de nos remparts les plus solides contre les Frères musulmans», a jugé Marine Le Pen après une visite en mai 2015. Quant au Syrien Bachar al-Assad, il est régulièrement présenté comme un «moindre mal», seul capable de contenir l'islamisme et de faire cohabiter les différentes communautés du pays.
Royaume-Uni l’inspiration
Si cet Etat ne représente pas un modèle en soi pour le FN, son statut particulier au sein de l'Union européenne (hors de l'euro et de Schengen) est une source d'inspiration pour le parti, tout comme le prochain référendum sur une éventuelle sortie de l'Union. «C'est simple, nous voulons faire comme eux», résume Bernard Monot, eurodéputé FN.
Qatar, Arabie Saoudite la source du mal
Ces monarchies sunnites du Golfe sont régulièrement accusées par le Front national de promouvoir le terrorisme islamiste, de corrompre les élites françaises ou encore de faire main basse sur le patrimoine de l'Hexagone. En matière de théocratie, la préférence du parti frontiste va à l'Iran chiite, rival de Riyad et de Doha. Dans un récent communiqué, Marion Maréchal-Le Pen appelait la diplomatie française à «sortir du tropisme anti-iranien», saluant chez Téhéran «son combat contre le terrorisme […] et sa reconnaissance des minorités confessionnelles».
Etats-Unis les démolisseurs
Sans le désigner comme un adversaire, le FN entretient de fortes réserves vis-à-vis de l'interventionnisme géopolitique de Washington comme du libéralisme «à l'américaine». «Nicolas Sarkozy, l'atlantiste extrémiste, comme François Hollande ont mis sous tutelle américaine notre diplomatie», jugeait Marine Le Pen en octobre 2013. L'isolationnisme du candidat républicain Donald Trump lui vaut, en revanche, une certaine sympathie auprès de la direction frontiste.
Supranational les «prisons des peuples»
ONU, Otan ou Union européenne… Vues du Front national, ces organisations sont autant d'avatars du «mondialisme», adversaire suprême du parti d'extrême droite. Pour Marine Le Pen, «nous dégager de l'emprise de l'Otan et de son bras armé politique et économique, l'Union européenne, est une condition indispensable au recouvrement de notre souveraineté».