La primaire de la droite et du centre voulue par le parti de Nicolas Sarkozy se réduira à une compétition entre champions du parti Les Républicains. Sans surprise, les 23 000 adhérents de l’UDI, appelés à voter jusqu’à samedi, devraient entériner la décision de leur président, Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy (Seine Saint-Denis), de ne pas participer à la primaire de leur allié naturel. Les résultats de cette consultation interne seront officiellement proclamés ce dimanche lors du congrès de l’UDI à Versailles.
Les centristes justifient leur absence de la primaire par l'impossibilité d'être parvenu à un accord législtif pour 2017 avec LR. Lagarde avait rencontré Sarkozy en tout début d'année pour le sonder et lui exposer ce que sa formation attendait de LR pour s'engager dans cette primaire, avant de formaliser ses demandes dans un courrier. Le patron de l'UDI souhaitait en premier lieu que Sarkozy s'engage au nom de LR à investir des candidats centristes aux législatives de 2017, dans une proportion comparable à ce qui avait été le cas lors des dernières départementales et régionales: soit deux tiers-un tiers. «Mais cette question n'a même pas été abordée puisqu'il n'y a pas eu de discussions», a précisé Lagarde, ajoutant: «Il y a un bloc constitué par la primaire, la présidentielle et les législatives. Et ce n'est pas par le casting de la primaire que l'on construit une majorité.»
Eviter «un score proche du ridicule»
Le patron de l'UDI, qui rejette la soumission à l'ex-UMP, prône une culture de coalition. «Tout cela était très prévisible, aucun des candidats de droite à la primaire n'avait intérêt à s'engager dès maintenant en disant qu'il allait donner des sièges de députés aux centristes», explique un parlementaire proche d'Hervé Morin, principal rival de Lagarde au sein de l'UDI. Alors que Lagarde est soupçonné par ses opposants de rouler pour Sarkozy et d'avoir monnayé avec lui sa propre participation à la primaire, l'objectif de nombreux centristes consiste à lui faire obstacle. Peut-être parce que certains s'y seraient bien vus, d'ailleurs. Ou pour éviter à leur formation de faire «un score proche du ridicule à la primaire», ce qui ne la placerait pas, selon un responsable de l'UDI, «en position de force pour négocier des investitures pour les législatives». Lagarde a, lui, précisé que si l'UDI ne participait pas à la primaire, «son résultat ne [l']engagera[it] pas».
La question de la primaire réglée, les centristes ne sont pas pour autant sortis de leurs affres. Pour eux désormais se pose celle du choix de leur candidat à la présidentielle. Désigner un candidat issu de ses rangs pour la course élyséenne? Rouler pour Bayrou? Ou laisser chacun soutenir le candidat de son choix à la primaire (ça a déjà commencé), puis tenter de toper avec le vainqueur? «En 1995, les centristes avaient fait le choix de soutenir un candidat, en l'occurrence Edouard Balladur, qui n'était pas de notre tendance. Je ne suis pas sûr que ça nous ait réussi», rappelle un cadre de l'UDI. Lagarde prévient, lui, que «si la ligne politique portée par le candidat des Républicains n'est pas conforme à la nôtre, notamment sur la question européenne, alors nous assumerons notre différence.» Un député centriste se désole: «En l'absence de Borloo, l'UDI est décidément orpheline».