On adore les médecins de campagne, ou de famille comme on veut. Autour d’eux, flotte un air de nostalgie, de souvenirs d’enfance, de regrets aussi. Celui du temps où l’on était en bonne santé ? Depuis quelque temps, se multiplient ainsi des livres de témoignages - souvent touchants, pleins d’humanité en tout cas -, des morceaux de vie de ces personnages qui vont et viennent avec leur sacoche, pour écouter et alléger les petits ou grands bobos.
Le film Médecin de campagne, qui sort ce mercredi en grande pompe, en est un nouvel exemple. Ecrit par Jean-Marc Geidel, généraliste en banlieue depuis 1980. C'est vous qui voyez, Docteur… sort du lot. L'auteur est un personnage singulier, amoureux de Schubert. Et son livre, mi-roman mi-documentaire, est d'abord l'histoire d'une amitié entre deux docteurs, Forget et Mory. «La médecine, c'est 10 % de scientifique, 90 % de merveilleux; 10 % d'explications, 90 % d'énigme», pense le premier, tandis que son associé ne jure que par l'efficacité de la médecine scientifique. Il n'empêche, à la fin des années 70, tous deux décident d'ouvrir une maison médicale dans une ville ouvrière de banlieue. Le début d'une aventure de plus de trente-cinq ans qui s'achève par la quête d'improbables successeurs.
Comme cette jeune médecin qui renonce vite : «Ils viennent toujours sans prévenir, et c'est toujours urgent, et quand vous leur proposez un rendez-vous, ils ne viennent pas, dit-elle au Dr Forget. L'autre jour, une de vos patientes s'est excusée de ne pas être venue parce qu'elle était malade. Avant, on venait voir le médecin parce qu'on était malade.»