Le saviez-vous ? Le racisme, c'est mal. Au cas où, le gouvernement a décidé de vous le rappeler ce lundi, «journée internationale de lutte contre le racisme», avec une grande campagne intitulée #TousUnisContreLaHaine (le hashtag, c'est pour la viralité sur les réseaux sociaux). Plusieurs clips diffusés sur Internet et à la télévision illustrent des actes racistes du quotidien (insultes, agressions...), et se concluent ainsi : «Ça commence par des mots. Ça finit par des crachats, des coups, du sang.» Un message également tweeté par le Premier ministre, Manuel Valls.
Le racisme, ça commence par des mots. Ça finit par des crachats, des coups, du sang.https://t.co/vTOTEdwPMi
— Manuel Valls (@manuelvalls) March 20, 2016
Au passage, le gouvernement rappelle qu'en 2015, plus de 2 000 actes à caractère raciste ont été commis en France, en hausse de 22% sur un an.
Mais le racisme commence-t-il vraiment par des mots ? Pas seulement, a répondu sur Twitter «le Seum», collectif de lutte «contre les oppressions structurelles». Avec quelques rappels tirés des travaux de l'Observatoire des inégalités : le racisme, «ça commence par une distribution raciste des ressources : 40% des ménages immigrés sont pauvres contre 13% de l'ensemble» ; ça continue avec avec «un taux de chômage à 8% de la population [en 2012] et le double pour les immigrés et leurs descendants» ; etc. Bref : le racisme, c'est un système.
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Coucou @gouvernementFR. Le racisme, ça ne commence pas par des mots. Déso.
— Collectif le Seum (@leSEUMcollectif) March 21, 2016
Or, ce système, les pouvoirs publics y prennent leur part. Le gouvernement qui lance cette campagne «contre la haine» est le même qui s'est pourvu en cassation en octobre 2015 contre des jugements le condamnant pour des contrôles au faciès. Le même aussi qui a abandonné deux promesses : le récépissé à remettre lors des contrôles d'identité par la police, et le droit de vote pour les étrangers extracommunautaires. Le même enfin qui est dirigé par un homme, Manuel Valls, qui expliquait en 2013 que «les Roms ont vocation à rentrer en Roumanie ou en Bulgarie». La liste n'est pas exhaustive.
Rien d'étonnant donc à ce que cette campagne, aussi pétrie de bonnes intentions qu'elle puisse être, soit accueillie avec désespoir par de nombreux militants et militantes antiracistes. Pour les personnes qui subissent chaque jour un racisme ne se résumant pas à des mots, des crachats et des coups, qu'y a-t-il à attendre de ces quelques spots ?