Poli et calme. Le regard droit. Jugé en comparution immédiate ce lundi au tribunal de grande instance (TGI) de Toulouse pour «non-respect des conditions de son assignation à résidence», Farouk Ben Abbes, un Belge de 31 ans, a écopé de trois mois de prison ferme sans broncher.
Bombers, jean, barbe rasée, loin de l’image stéréotypée du jihadiste, proche des frères Clain (deux Toulousains partis combattre en Syrie), il fait plus jeune que son âge. Difficile d’imaginer que l’homme dans le box a été interpellé au Caire en 2009 par la sûreté égyptienne pour son implication présumée dans un attentat contre des lycéens français. Farouk Ben Abbes, qui affirme avoir été torturé par les policiers égyptiens, niera sa participation à cet acte terroriste qui a coûté la vie à Cécile Vannier, une lycéenne de 17 ans. Les services égyptiens le soupçonnent aussi d’être impliqué dans un projet d’attentat avorté contre la salle de concert du Bataclan en 2009. Il rentre en Europe fin 2010, où il est interpellé en France. Après un an de prison, il est mis hors de cause dans l’enquête sur l’attentat du Caire, selon son avocate.
Défaut de pointage
Assigné à résidence dans le cadre de l'état d'urgence depuis le 18 novembre, Farouk Ben Abbes était tenu de ne pas sortir de Toulouse sans autorisation. Il a néanmoins été contrôlé jeudi en fin d'après-midi par la police à Colomiers, dans la banlieue toulousaine. C'est la deuxième fois que Farouk Ben Abbes est poursuivi pour non-respect des conditions de son assignation à résidence. Le 23 décembre, il avait déjà été jugé pour défaut de pointage au commissariat malgré la présentation d'un certificat médical, indique à Libération son avocate, Stéphanie Calvet. Cette fois-ci la perquisition menée à son domicile dans la foulée de son arrestation «n'a pas amené d'éléments supplémentaires», ajoute-t-elle.
Placé en détention pendant le week-end, Farouk Ben Abbes s'est justifié en arguant de «sa mauvaise connaissance de la géographie toulousaine». Inscrit en LEA, il vit dans le quartier toulousain du Mirail avec son épouse étudiante. Jeudi, Ben Abbes, qui se «savait surveillé et écouté par les services de renseignement», a appelé avec son téléphone portable le vendeur d'une voiture d'occasion à Colomiers. Son avocat a plaidé la bonne foi de son client, «contrôlé dans l'agglomération toulousaine». Le procureur a requis six mois d'emprisonnement. Condamné à trois mois ferme, Ben Abbes a rejoint la maison d'arrêt de Seysses (Haute-Garonne).