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Libération

«Jeanne, au secours» : Jean-Marie Le Pen lance son minimouvement

publié le 22 mars 2016 à 21h51

«Jeanne, au secours !» Ce cri poussé par Le Pen père le 1er mai 2015 est désormais le nom d'une structure lancée ce mardi par l'ex-président du FN. Exclu du Front national en août, l'eurodéputé n'a pas renoncé à peser sur son camp. Si le «comité» présenté ce mardi n'est «pas un parti», comme l'a souligné son créateur, l'objectif est bien de pousser le FN à corriger une ligne jugée trop éloignée des fondamentaux frontistes. «Nous n'en sommes pas à la France apaisée», a affirmé Jean-Marie Le Pen, en référence à un nouveau slogan frontiste, et appelant quant à lui à une «France mobilisée».

La première action du comité sera l'organisation, le 1er mai, d'un rassemblement parisien en hommage à Jeanne d'Arc. Une manifestation jusque-là organisée par le FN, mais que le parti va cette année remplacer par un grand banquet - pour des raisons de sécurité, mais surtout pour en finir avec un rite jugé usé et peu mobilisateur. «Il n'y aura pas de place ce jour-là pour les pleutres et les lâches, qui pourront rester chez eux», a lancé Jean-Marie Le Pen, qui espère réunir à cette occasion «une masse» de Français. Et puis ? «On verra en marchant», élude-t-on autour de Le Pen père. Un flou similaire entoure encore les effectifs et les moyens de l'organisation.

Principale surprise : l'identité du secrétaire général du comité, Laurent Ozon. Agé de 48 ans, cet entrepreneur s'était fait connaître en 2011 après un passage rapide dans l'organigramme du Front national. Membre du bureau politique et de la commission d'investiture, délégué général à la formation, chargé des questions d'écologie, Ozon avait vécu l'une de ces ascensions express dont le FN est familier. Une carrière interrompue en juillet 2011, au moment des attentats commis en Norvège par l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik. Sur Twitter, Ozon tente alors «d'expliquer» le drame par l'immigration et les tensions intercommunautaires.

Désavoué par Marine Le Pen, il quitte le parti dans la foulée. L'homme a par la suite animé un groupusculaire «Mouvement pour la remigration». Aujourd'hui à l'arrêt, son objectif était «d'étudier rationnellement les conditions pratiques» d'un retour des immigrés dans leurs pays d'origine. «Jean-Marie Le Pen et moi avions déjeuné après mon départ du FN, raconte Ozon. Il m'avait dit que c'était dommage et que j'aurais dû l'appeler avant. On est restés en contact, et je crois qu'il apprécie pas mal ce que j'écris. Du point de vue de la sensibilité, on est raccord.»

Pas rancuniers, Jean-Marie Le Pen comme Laurent Ozon assurent voir le FN comme «l'outil le plus efficace» pour conquérir le pouvoir, tout en espérant convaincre sa direction d'amender son discours. Un entre-deux qui ne facilitera pas leur tâche. La direction du parti semble sincèrement se désintéresser des dernières initiatives de Jean-Marie Le Pen. Et parmi les déçus du marinisme, que ce dernier espère rassembler, tous n'aspirent pas à se réconcilier avec le mouvement. «Cette stratégie ambiguë ne peut pas être efficace, juge ainsi Carl Lang, un ancien secrétaire général frontiste, désormais à la tête du Parti de la France. C'est hors du FN qu'il faut s'organiser et constituer une alternative. Le Pen n'a-t-il pas encore compris qu'il a été exclu par sa fille ?»