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Attentats de Bruxelles

Pour l’exécutif français, la riposte doit être européenne

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Fichiers criminels partagés, contrôles aux frontières renforcés, PNR… Paris appelle à une «Europe de la sécurité».
Francois Hollande, président de la République, Manuel Valls, Premier ministre, Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, Bernard Cazeneuve, ministre de l’'Interieur, à Paris, le 22 mars 2016, pour le Conseil de sécurité à l'Elysée après les attentats de Bruxelles. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 22 mars 2016 à 20h11

«C'est la Belgique qui est attaquée. C'est toute l'Europe qui est visée.» Dans les mots qu'il a choisis de coucher sur le livre de condoléances de l'ambassade belge, François Hollande a résumé le choix de l'exécutif français face à un terrorisme global : compassion nationale, réponse européenne. «De ce nouveau drame doivent émerger de vraies solutions, enfin , espère un conseiller présidentiel. Il y a trop de blocages au sein des Vingt-Huit.» Pour rassurer les Français et renforcer l'arsenal de «protection de la nation», le gouvernement a terriblement besoin de faire progresser la coopération au niveau de l'Union à l'heure où la révision constitutionnelle sur l'état d'urgence et la déchéance de nationalité pour les terroristes s'enlise définitivement à Paris (lire ci-dessous).

Echo. «L'Europe de la liberté doit s'accompagner d'une Europe de la sécurité»,insiste donc Manuel Valls devant le Sénat. «Nous sommes solidaires dans la souffrance et face aux actes de guerre. Nous sommes en guerre - l'Europe est en guerre - parce que l'Etat islamique lui a déclaré la guerre» , souligne encore le Premier ministre, qui reste dans le registre de langage qu'il s'est choisi depuis le 13 Novembre. Il réclame «en urgence» l'adoption du fichier «Passenger Name Record» (PNR) qui doit regrouper les noms de tous les passagers des avions circulant, entrant ou sortant de l'espace européen. Le dispositif est bloqué à Strasbourg par une coalition des écologistes et des socialistes européens (lire page 11). Comme un écho aux divisions de sa propre majorité en France. Sur ce dossier, «on a assez perdu de temps», tonne Valls, se tournant vers les bancs de la gauche.

Paris réclame également un renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l'espace Schengen et la connexion des fichiers criminels des 28 Etats membres. Pour espérer traquer des terroristes en puissance, «c'est la base, le b.a.-ba, vraiment le moins qu'on puisse faire. La réponse européenne en matière de renseignement est totalement inexistante pour l'instant, c'est flippant», insiste un conseiller ministériel, pour qui cela devrait être une priorité de «coopération renforcée», donc pas à l'échelle des Vingt-Huit.

Carte. Dans son laïus devant une brochette d'investisseurs étrangers à l'Elysée mardi matin, Hollande a aussi défendu son choix de «dispositifs législatifs efficaces et respectueux des libertés publiques» en France pour assurer autant la sécurité des hommes que des entreprises. Y compris la déchéance ? «Il parle de l'ensemble des textes, souligne son entourage. Nous n'avons rien fait par hasard, le Président prend ses responsabilités [ depuis les premiers attentats de 2015m ndlr]. Les fils de l'unité nationale c'est lui qui les tient.» Sur la réforme de la procédure pénale, malgré le fiasco de la déchéance, l'exécutif semble même tenté de rejouer cette carte. La droite avance sur le terrain de la «perpétuité à vie»? Ni l'Elysée ni Matignon ne l'écartent.