Il y a des querelles qu’il faut vider rapidement, sauf à voir la plaie s’envenimer et emporter le patient. Telle est la situation de la gauche aujourd’hui. Ses valeurs de justice et de liberté vivent toujours dans le ciel des idées et, contrairement à ce qu’on entend, il n’y a rien d’irréconciliable dans les positions prises des derniers mois par les uns ou les autres.
Encore faut-il regarder les divergences en face. Doit-on aider les entreprises pour relancer l’embauche et juguler le chômage, cause principale des fractures sociales et psychologiques du pays? Ou bien, dans le même but, fallait-il favoriser la consommation par des hausses de pouvoir d’achat? Faut-il s’efforcer de respecter les engagements de rigueur budgétaire pris à Bruxelles, connaissant l’endettement massif qui afflige le pays, ou bien fallait-il s’affranchir de ces contraintes pour aider la croissance? Faut-il assouplir le marché du travail ou bien conserver pour l’essentiel les protections dont bénéficient les salariés? Faut-il appliquer strictement les principes de laïcité ou bien chercher avec les religions, l’islam notamment, des accommodements qui facilitent l’intégration de la minorité musulmane?
Sur ces questions et bien d’autres, la gauche est profondément divisée. Dans une période normale, ces positions multiples auraient pu s’exprimer lors du premier tour de la présidentielle. Mais cette fois la division porte en elle le spectre de l’élimination pure et simple: le débat aura peut-être lieu mais, comme dans L’huître et les plaideurs, la droite ou l’extrême droite rafleront à la fin l’objet du débat, à savoir la possibilité de gouverner le pays.
Il n'est qu'une seule instance possible pour un débat de fond qui puisse dégager un candidat derrière lequel le gros de la gauche se rassemblera: la primaire citoyenne à laquelle un groupe d'intellectuels et d'élus ont appelé, avec le soutien de Libération, au début de l'année.
Pour en discuter publiquement avec les initiateurs du projet et pour mettre au pied du mur les partis politiques, Libération et Alternatives économiques organisent un grand forum citoyen en présence d'Hervé Le Bras, Julia Cagé, Daniel Cohn-Bendit, Marie Desplechin, Susan George, Mohamed Mechmache, Dominique Méda, Thomas Piketty, Benjamin Stora, Benoît Thieulin, Michel Wieviorka, Guillaume Duval…
De 9h30 à 18 heures, le 16 avril, au Théâtre de la porte Saint-Martin, 75010.
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