Paris, vendredi matin : des élèves du lycée Henri-Bergson, dans le XIXe arrondissement, se retrouvent devant leur établissement. Ils sont en colère. La veille, plusieurs vidéos ont circulé sur la Toile. On y voit un de leur camarade, dans la rue pour dire non au projet de loi El Khomri, retenu par deux policiers pendant qu'un troisième lui donne un violent coup de poing en pleine face. Le garçon tombe à terre, le choc amorti par son sac à dos.
Dès jeudi après-midi, le gouvernement avait réagi : l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie. «Ces images sont choquantes» et «m'ont choqué», a commenté Bernard Cazeneuve en marge d'une conférence de presse à Bruxelles. «Elles ne correspondent pas à ce qu'est l'idée qu'une immense majorité, pour ne pas dire la quasi-totalité des policiers de France, se font de leurs missions et des conditions dans lesquelles ces missions doivent être exercées», a poursuivi le ministre de l'Intérieur.
Qu'importe. Ce vendredi matin, après des échanges brouillons, les lycéens et quelques étudiants venus soutenir le mouvement décident de manifester «pour lutter contre les violences policières». Un cortège se forme : direction le commissariat central du Xe arrondissement. Les slogans et les fumigènes fusent. La jeunesse renverse des poubelles, des barrières de protection et balance des projectiles en direction des forces de l'ordre. Ambiance. Puis, le cortège se divise. Une partie rentre au lycée. Une autre se rend au commissariat du XIXe arrondissement.
Sur le chemin, des lycéens marquent une pause au Franprix, avenue Jean-Jaurès, pour faire le plein : boissons, bonbons, gâteaux. Le tout, sans passer par la caisse. Une sorte de pillage. Certains affirment qu'ils n'ont pris que «des Kinder». Une jeune fille explique à MetroNews (qui a publié une vidéo de la scène) que c'était pour «nourrir les réfugiés» de la place Stalingrad. Genre Robin des Bois. Sur les coups de midi, devant les grilles du lycée, le calme revient sous le regard de la police discrète, postée au coin des rues avoisinantes.