30 000, selon la CGT, dont un tiers de lycéens et d'étudiants, 12 000 d'après la préfecture, les manifestants contre le projet de loi El Khomri étaient nombreux ce jeudi dans le centre-ville de Nantes (Loire-Atlantique). Au moins deux fois plus, selon les autorités, que la semaine précédente. Valérie Olivier, déléguée syndicale dans une maison de retraite, s'est arrêtée en marge du cortège pour se faire prendre en photo par un de ses camarades de Force ouvrière. Histoire de marquer cette journée d'une pierre blanche. «On reviendra tant que cette loi ne sera pas intégralement retirée, prévient cette femme de 43 ans, drapeau FO à la main. Ce texte, c'est une honte… Ça se voit que Hollande n'a jamais travaillé de sa vie.» Un peu plus loin, d'autres manifestants rêvent d'envoyer «El-Khomri à l'usine, Valls à Cayenne, Hollande à Sainte-Hélène». «Si on avait voulu se faire baiser par le gouvernement, on aurait élu Brad Pitt», ajoute une pancarte tenue par une jeune fille, tout sourire.
Antoine, lui, tient dans ses bras son fils de 4 ans. Cet enseignant de 39 ans en est à sa troisième mobilisation contre la loi Travail. «Aujourd'hui cette manifestation, c'est tout sauf un baroud d'honneur : chaque jeudi, il y a de plus en plus de monde, relève-t-il. Après, c'est sûr que samedi, c'est les vacances scolaires… Les lycéens vont donc disparaître des cortèges, qui vont perdre la moitié des effectifs. Mais ils vont revenir : d'autres mobilisations sont déjà calées pour la rentrée.» L'enseignant nantais, qui n'est pas syndiqué, regrette surtout le mode opératoire retenu jusque-là par les syndicats. «Je préférerais qu'on décide d'une grève reconductible : on n'a jamais rien obtenu, par le passé, en faisant des grèves d'une journée, grimace Antoine. C'est pourtant le moment d'en profiter, car le gouvernement est affaibli… Sarkozy a eu la réforme des retraites, Hollande aura sa loi Travail.»
En marge du cortège, plusieurs heurts ont opposé les forces de l'ordre à près de 200 casseurs, à la mi-journée. La préfecture a recensé de «nombreux jets de projectiles» sur les gendarmes et policiers, qui ont dû recourir aux gaz lacrymogènes pour les disperser.