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Libération
Billet

Mélange des genres chez les Valls

Manuel Valls et Anne Gravoin en novembre 2015. (AFP)
Publié le 01/04/2016 à 19h21

On sait depuis longtemps à quel point il est difficile, pour une femme, d’être l’épouse ou la compagne d’un homme politique de premier plan (le cas ne s’est malheureusement pas assez présenté dans le sens inverse). Surtout quand la femme en question mène une activité en son nom propre. On ne peut donc que saluer la volonté d’Anne Gravoin, l’épouse du Premier ministre, Manuel Valls, de mener de front obligations de représentation oficielle et carrière de musicienne internationale. On s’inquiète fortement, en revanche, de la légèreté avec laquelle elle gère ses partenariats à l’étranger et surtout de sa propension à mélanger les genres.

Ces failles apparaissent dans un article passionant et très documenté publié cette semaine par l'Obs. David Le Bailly et Caroline Michel ont enquêté sur «le drôle d'orchestre de Mme Valls», l'Alma Chamber Orchestra, dont des hommes d'affaires sulfureux lui ont proposé la direction artistique sur un plateau, sachant qu'elle rêvait depuis longtemps de monter un orchestre classique prestigieux. Et ce qu'ils racontent sur le parcours et les activités de ces vendeurs d'armes ou hommes d'influence liés aux réseaux de la Françafrique est édifiant. Tout comme la façon dont la musicienne Anne Gravoin est accueillie et traitée à l'étranger avec les honneurs dus à Madame Valls. Sans compter la remise des insignes d'officier de la Légion d'honneur, par Manuel Valls lui-même, au président de la fondation qui soutient l'orchestre. Tout cela fait très mauvais effet et ne rehausse pas le crédit déjà très affaibli des politiques. Contactés, les services du Premier ministre se sont contentés de rappeler les réponses factuelles faites aux journalistes de l'Obs mais n'ont pas commenté les conclusions accablantes de l'article.

Faudrait-il pour autant qu’Anne Gravoin renonce à exister pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle représente ? Surtout pas. Il nous semble même très sain qu’un individu, homme ou femme, ne soit pas dépendant de la personne qui partage sa vie, quelle qu’elle soit. Mais cet exercice réclame une éthique et une vigilance de chaque instant. Qui semblent manquer au couple Valls.