Approchez mesdames et messieurs ! Aujourd’hui dans votre ville, la grande tournée ExpoFrance 2025, avec ses attractions, son grand ballon et sa vedette, Jean-Christophe Fromantin ! Découvrez l’univers onirique, magique, mirifique de la future expo – en 3D s’il vous plaît –, le ballon géant et illuminé figurant l’universalisme de notre monde et surtout, surtout… signez pour la candidature sur le site Expofrance 2025 car le projet a besoin d’un enthousiasme populaire pour appuyer son dossier auprès du Bureau international des expositions.

Plutôt que d'attendre que ce désir collectif vienne à lui, Jean-Christophe Fromantin, député-maire de Neuilly-sur-Seine et initiateur de l'idée, a décidé d'aller le stimuler sur place. D'où une tournée de villes en 16 dates, démarrée le 18 février à Marseille, qui l'amène dans la France entière. Le voilà à mi-course dans la bonne ville de Rouen, avec son barnum et ses camions (100 tonnes de matériel et une équipe de 40 personnes quand même…). Las, aujourd'hui, il y a trop de vent sur les quais de la Seine et le ballon ne pourra pas être gonflé. Pas de spectacle lumineux sur la sphère. Mince. «On a eu beaucoup de monde à Montpellier sous le soleil mais moins à Toulouse sous la bourrasque», soupire Fromantin, fataliste.

Reste quand même sous une grande tente la projection 3D d'une animation un rien hallucinogène sur l'expo du futur, suivie par le passage dans une «salle à selfies», où l'on fait de rigolotes images ornées du slogan «Jeveux2025». Gros succès. La candidature a déjà engrangé 58 614 signatures de soutien. Elle en vise 100 000. «Tout un petit buzz se crée autour de nous», se félicite Fromantin.

Cela étant, en ce premier soir, c'est surtout aux décideurs locaux que le maire de Neuilly s'adresse. Le père du projet a besoin du soutien des villes et des collectivités car le système envisagé s'appuie sur trois niveaux. Le «village global», 50 hectares sur un site du Grand Paris, des thématiques dans les grandes métropoles et des «détours en France», circuits de découverte du pays concoctés sur mesure pour les visiteurs. «La tournée est très locale mais elle a pour objectif de sensibiliser les villes pour qu'elles préparent leur dossier de participation à la candidature française», explique Fromantin. L'accueil est-il bon ? «On ne leur demande pas d'argent», répond-il. Evidemment, ça aide.

Yvon Robert, le maire PS de Rouen, Valérie Fourneyron, députée de la circonscription, socialiste aussi, sont présents, enthousiastes. «Nous avons une "soft diplomatie" à construire autour de cette candidature», souligne Valérie Fourneyron. Pas sûr que la «soft diplomatie» fasse vraiment plaisir au Quai d'Orsay, un rien mis de côté dans cette affaire où ce sont pourtant les Etats qui voteront dans le cadre des institutions internationales. Mais comme Fromantin fait financer les 25 à 30 millions de la candidature par des entreprises partenaires et n'a pas encore demandé un euro d'argent public, l'administration ne peut guère reprendre la main sur le dossier pour le moment. De plus, Manuel Valls a chargé Pascal Lamy, ancien patron de l'Organisation mondiale du commerce, de gérer les relations internationales et l'a directement rattaché à Matignon.

A Rouen, devant les élus, les représentants des chambres de commerces et ceux des entreprises, Fromantin se lance dans un exposé sur les expositions universelles genre conférence de «Connaissance du monde». Le député commence à être bien au point. Les représentants locaux des partenaires (Renault, Sanofi, la Poste, Crédit agricole, Deloitte, Elior, Bouygues, JC Decaux), disent tout le bien qu'ils pensent de cette initiative et le remercient «de nous amener un peu de folie» (Bouygues). Ces entreprises sont les contributeurs de l'opération et pour le moment ses seuls financeurs. En tant que maire de la chic Neuilly-sur-Seine, Fromantin raconte qu'il reçoit «presque chaque semaine des ambassadeurs qui habitent ici». Bien utile pour le «petit buzz».