En marge d'une visite ce jeudi dans le Loiret, Nicolas Sarkozy a improvisé cette nouvelle fanfaronnade : «C'est moi qui ai créé le Conseil français du culte musulman, moi qui ai inventé l'expression islam de France», a-t-il déclaré, comme le rapporte le Figaro. C'est donc lui, et personne d'autre, qui aurait imposé l'expression «Islam de France» par opposition à «l'Islam en France».
Un changement de préposition qui permet de signifier que la puissance publique souhaite que la communauté musulmane française se libère des influences étrangères pour qu'émerge enfin un islam français. L'ancien chef de l'Etat s'est prévalu de son «invention» pour répondre à une Franco-Tunisienne qui l'a interpellé à Montargis en lui reprochant de stigmatiser les Français «issus de l'immigration».
Le problème, c’est que Sarkozy n’est absolument pas l’inventeur de «l’islam de France». L’expression est dans le débat public depuis plus d’un quart de siècle. La plupart des ministres de l’intérieur qui ont précédé Sarkozy l’ont utilisée. A commencer par le socialiste Pierre Joxe, créateur en 1990 d’un «Conseil de réflexion sur l’Islam de France».
Tous ses successeurs reprendront ce chantier, notamment Charles Pasqua et Jean-Pierre Chevènement. Et c’est ce laborieux cheminement qui a effectivement rendu possible, en 2003, Nicolas Sarkozy étant ministre de l’Intérieur, la création du Conseil français du culte musulman. Une étape importante vers la représentation de l’islam de France. Mais une étape seulement, personne ne le conteste.