Menu
Libération
Décryptage

Valls sort onze mesures et 500 millions d’euros pour calmer la jeunesse

publié le 11 avril 2016 à 20h21

L'objectif n'est pas d'«éteindre une contestation» mais de «répondre à des inquiétudes profondes qui nécessitent une réponse dans la durée», assure le Premier ministre. En présentant onze mesures pour les jeunes, ce lundi, devant les organisations étudiantes et lycéennes, Manuel Valls semble pourtant vouloir jouer l'apaisement. Le tout pour un budget annuel total de 400 et 500 millions d'euros. Objectif : atténuer la colère de la jeunesse qui manifeste depuis plus d'un mois. Et ce, sans avoir besoin, précise-t-il, «de modifier ou de faire évoluer la loi travail», objet principal du courroux des manifestants.

Décrocheurs. Première mesure mise sur la table : la création d'une aide à la recherche du premier emploi (ARPE). Destinée «aux jeunes diplômés d'origine modeste qui entrent sur le marché du travail en situation d'inactivité», elle sera effective à la rentrée 2016. Seuls les étudiants boursiers lors de la dernière année de leur cursus en bénéficieront, pendant quatre mois maximum. Au total, 126 000 jeunes pourraient recevoir l'ARPE, pour un montant mensuel compris entre 100 et 550 euros, selon les profils. Coût de la mesure : 130 millions d'euros par an.

En parallèle, 25 000 bourses de 1 000 euros annuels pour les étudiants des classes moyennes sont annoncées. Auxquelles 12 500 bourses du même montant s’ajoutent pour les décrocheurs de 16 à 18 ans. Quant aux bourses de lycée, elles seront revalorisées de 10 %.

Les apprentis ne sont pas non plus oubliés : l'Etat va prendre en charge une hausse de leurs minima salariaux légaux (pour les 16 à 20 ans) dès 2017. Mais pour l'heure, pas plus de précisions sur les modalités, renvoyées à une future discussion. Même chose pour l'amélioration des droits des apprentis, autre promesse de Valls, qui fera l'objet d'une «démarche partenariale».

Tâche plus ardue, les partenaires sociaux sont aussi invités à s'accorder sur le niveau de modulation des cotisations à l'assurance chômage des contrats courts. Le but : lutter contre la précarité et favoriser les CDI «en encadrant le recours abusif aux contrats courts». En 2013, ils avaient déjà décidé de les taxer davantage. Mais certains contrats avaient été exclus (l'intérim) ou largement épargnés (CDD d'usage). Désormais, l'exécutif va «rendre obligatoire et non plus optionnelle la modulation». Un amendement en ce sens sera déposé au projet de loi travail. Mais l'intérim n'est pas concerné.

Sur un autre front, le gouvernement a annoncé la création, pendant cinq ans, de 2 000 places supplémentaires par an dans les filières techniques menant à l'obtention d'un BTS. Les spécialités «en lien avec les métiers d'avenir» seront privilégiées. Enfin, il promet de rendre universelle la garantie locative pour les jeunes et d'accélérer «l'accès à la couverture maladie universelle complémentaire des jeunes en rupture avec leur famille».

«Cap». De quoi calmer la gronde estudiantine ? Pas si sûr. William Martinet, de l'Unef, se dit «satisfait» par ces annonces qui marquent un «cap important». Mais elles restent incomplètes. «Tout ça ne lève pas tous les désaccords, notamment sur la loi travail. C'est pour ça que l'Unef reste solidaire de l'intersyndicale», précise l'Unef, qui manifestera le 28 avril à l'appel des syndicats de salariés. Mais entre-temps, «les formes de mobilisation vont changer», pointe Martinet, évoquant des «interpellations de parlementaires».

Du côté de la coordination nationale étudiante, le ton est bien plus ferme, et les prochaines dates de manifestations, en amont du 28 avril, sont maintenues les 12, 14 et 20 avril. «Les annonces de Valls, c'est bien, mais on continue à lutter pour le retrait. Quant à William Martinet, il ne nous représente en aucun cas et il ne peut parler au nom du mouvement», s'agace Aïssatou Dabo, porte-parole de la coordination nationale.