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Libération

Le général Soubelet L’iconoclaste

publié le 13 avril 2016 à 19h41

Décembre 2013. Assemblée nationale. Commission d'enquête parlementaire sur la lutte contre l'insécurité présidée par le socialiste Jean-Pierre Blazy (Val-d'Oise). Le général de corps d'armée de la gendarmerie Bertrand Soubelet, directeur des opérations et de l'emploi, prévient les députés. Il va se montrer «iconoclaste». «Je n'allais quand même pas raconter des fariboles à la représentation nationale. Comme à mon habitude, j'ai dit les choses telles qu'elles sont, en mettant les formes et de la manière la plus factuelle possible.» Mais sans mesurer forcément la portée des évidences qu'il allait décrire aux parlementaires, souvent constatées au quotidien par les forces de sécurité sur le terrain. Sans imaginer non plus que ses propos allaient lui valoir une réaffectation aux allures de sanction disciplinaire. Une phrase va faire particulièrement le «buzz» : pour le seul mois de novembre 2013 dans les Bouches-du-Rhône, 65 % des cambrioleurs interpellés sont à nouveau dans la nature, affirme-t-il. Les députés présents opinent sans broncher. «Vous pouvez mettre des effectifs supplémentaires sur le terrain mais, dans ces conditions, cela ne servira à rien», conclut Soubelet. Au sein de la gendarmerie, les propos du général font mouche. Les réseaux internes aux pandores reprennent en boucle le passage de l'audition, avec comme commentaires : «Enfin un chef qui dit les choses telles qu'elles sont.» Rien de scandaleux dans les propos du général, qui s'est bien gardé d'esquisser toute critique du fonctionnement de la justice et de la façon dont les magistrats la rendent. «Mon sens des responsabilités implique un devoir de vérité. J'ai juste dit la réalité, et que nous ne pouvions pas continuer comme cela. On ne doit plus dissimuler ces réalités derrière des artifices idéologiques.» En clair, sus au politiquement correct. Le général Soubelet l'a dit et même écrit alors qu'il était en fonction. Lui souligne qu'une fois quitté l'uniforme, «c'est un peu facile, non ?»