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Libération
Forum citoyen pour une primaire à gauche

«Il nous manque juste un élan citoyen !»

Strasbourg accueillait lundi la dernière étape de la tournée de débats sur la primaire. L’occasion d’échanger sur les attentes, les craintes, «l’envie d’avoir envie».
publié le 14 avril 2016 à 17h11

Week-end pourri pour les deux guest-stars du débat sur la primaire à Strasbourg, lundi. Yannick Jadot était au conseil fédéral EE-LV, «pas très enthousiasmant» :«J'en suis sorti en me disant que cette primaire était morte», s'est désolé l'eurodéputé écolo, dont le parti soutient le principe mais se donne trois mois de réflexion. Quant à Guillaume Balas, il était au conseil national du PS. «J'ai le moral à zéro», lâche celui qui s'«excuse» d'être «un vieux routier des appareils politiques». Et de reprendre : «Personne n'ose dire qu'il est contre la primaire. Je les connais bien, les socialistes, ils sont faibles, mais pas idiots. Comment les contraindre ? Avec [le soutien de] l'opinion, car c'est tout ce qui les intéresse ! Il nous manque juste un élan citoyen.» D'autant qu'il n'y a pas foule lundi soir : une quarantaine de personnes, contre plusieurs centaines lors des précédents débats, à Paris ou à Lille.

«Synthèse». «Pourvu que chacun ne défende pas sa paroisse dans la déconfiture générale. L'enjeu, c'est la disparition de la gauche», s'inquiète Jean-Claude, un retraité qui a «écumé tout le milieu d'extrême gauche strasbourgeois». La primaire de gauche est son «premier engagement politique», explique Adrien. Et le grand jeune homme aux cheveux longs annonce :«Je ne voterai pas utile. J'ai voté Hollande, comme beaucoup, mais cette fois, je ne marche pas. On ne va pas faire plein de débats comme des alcooliques anonymes pour, à la fin, le réélire. Alors rangez les egos et sortez les idées !»

La parole circule, mais chacun balance surtout ses attentes, ses craintes, ses déceptions, sur fond de rejet des partis, de désir d'une VIe République et «d'envie d'avoir envie». Puis «il y a un travail sémantique nécessaire à mener», plaide encore Adrien :«Il faut arrêter de s'excuser de faire de la politique, réhabiliter ce mot.»

Encartée au PS depuis la primaire de 2011, Chloé a «aimé le débat d'idées» mais «avoue» que «la synthèse a été difficile». Michel, retraité et «désespéré», dit qu'il ne fera pas «le choix du pire cette fois» : «Je n'attends pas un leader, mais il nous en faudra bien un pour 2017, alors faisons en sorte qu'il ait des comptes à rendre.»

Vaine question selon Arnaud : «Je crois qu'on ne va pas gagner et que ce n'est pas très grave. On a déjà perdu en fait. Construisons un truc ensemble pour l'après.» Sauf qu'«on peut discuter autant qu'on veut, en haut, ils n'en ont rien à péter de ce qu'on pense», s'insurge Alfred, «chômeur senior longue durée». Il vient d'adhérer à EE-LV, parce qu'il en avait «marre d'être contre», voulait «être pour».

«Entre-soi».Lui a démissionné du PS en plein débat sur la déchéance de nationalité. Syamak Agha Babaei, vice-président de l'eurométropole de Strasbourg, s'est glissé parmi les participants et interroge :«Comment sortir de l'entre-soi ? Les partis ne sont pas représentatifs de la société, mais les mouvements complètement horizontaux le sont-ils ?» Des petits groupes se forment. Ambiance confession. Jadot insiste pour se faire tutoyer, prend quelques notes. «J'ai eu 18 ans trois semaines avant le 21 avril 2002. Je suis née politiquement avec le vote utile. Et pas plus tard qu'aux régionales, j'ai dû encore voter à droite», raconte Perrine en guise de présentation. Elle est «carrément pessimiste quant aux chances d'un candidat de gauche».

Victor s'emporte :«Vous partez défaitiste, mais moi j'y crois !» Le trentenaire toulousain a sa carte au PS, «mais je suis de gauche», précise-t-il. «J'y suis pour le progrès humain, pas pour le progrès du chiffre d'affaires des entreprises. Mais si tous ceux qui en ont marre se cassent, faut pas s'étonner…» Dans le cercle voisin, on sent monter «la gauchisation du monde», un monde dans lequel «les années de trouille de l'extrême droite» ne sont qu'un lointain souvenir.

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