Menu
Libération
à la barre

Procès Faïd : deux hommes condamnés pour le meurtre d'Aurélie Fouquet

Deux hommes ont été reconnus coupables du meurtre de la policière de 26 ans, en mai 2010 à Villiers-sur-Marne. Le médiatique braqueur Redoine Faïd est désigné comme le chef de l'équipe, et condamné à 18 ans de réclusion.
Croquis d'audience réalisé le 1er mars d'une partie du banc des accusés. (Benoit Peyrucq. AFP)
publié le 14 avril 2016 à 9h15

Le verdict est tombé peu après minuit, après treize heures de délibéré et sept semaines de procès. Il fallait bien cela aux jurés pour répondre aux 287 questions qui visaient les neuf accusés dans l'affaire de la fusillade de Villiers-sur-Marne, conclusion sanglante d'un braquage de fourgon blindé avorté le matin du 20 mai 2010, où Aurélie Fouquet, jeune policière municipale, est tombée sous les balles des malfaiteurs en fuite. Un procès marqué par la «loi du silence» et les «fables» des accusés, dixit l'avocate générale Maryvonne Caillibotte, et où les responsabilités de chacun n'ont pu être clairement mises au jour. Faute de preuves édifiantes ou de témoignages irréfutables, les jurés ont dû s'en remettre à «leur bon sens et leur intime conviction» pour trancher.

Deux hommes ont été reconnus coupables du meurtre de l'agente : Daouda Baba, le plus jeune des accusés, dont les brûlures causées par l'incendie volontaire de la fourgonnette des braqueurs ont laissé peu de doutes sur sa présence dans le commando, et Olivier Tracoulat, fantôme omniprésent dans les débats, jugé en son absence. Tracoulat, dit «Tony», blessé à la tête par la riposte des policiers au moment de la fusillade, n'a jamais été retrouvé – l'hypothèse la plus probable et partagée étant qu'il a succombé à ses blessures avant qu'un de ses complices ne se débarrasse de son corps. Néanmoins, le seul malfrat ouvertement «chargé» à l'audience écope de 30 ans de prison, conformément au réquisitoire de l'avocate générale ; Baba de 20 ans. Dans le box, le boxeur de 32 ans, dont c'est le premier passage aux assises contrairement à ses complices multirécidivistes, s'agite et crie : «Vous me tuez, là !» En revanche, Rabia Hideur, troisième homme poursuivi pour meurtre, est acquitté des charges les plus graves mais pas de sa participation au projet – il devra purger une peine de 10 ans de prison.

Condamné, Faïd va faire appel

Quant au médiatique et faussement repenti braqueur Redoine Faïd, il est reconnu coupable de tous les chefs d'accusation retenus contre lui. Malgré sa défense aussi vigoureuse que théâtrale, les jurés l'ont désigné comme le cerveau de ce casse foiré. Il écope d'une peine de 18 ans de réclusion mais n'en a pas fini avec la justice, loin de là. Son avocat Christian Saint-Palais, qui avait plaidé l'acquittement faute de preuves accablantes, a aussitôt annoncé son intention de faire appel. Deux autres procès l'attendent encore. L'un pour un autre braquage, l'autre pour son évasion spectaculaire en 2013 de la maison d'arrêt de Sequedin (Nord).

Malek Khider, premier interpellé et seul membre de l'équipe à reconnaître a minima sa participation (mais sans toutefois balancer le moindre nom) est condamné à 15 ans de prison. Il est en revanche acquitté dans l'affaire jointe du braquage de fourgon de Gentilly, en 2009 – un camouflet pour l'instruction et la Brigade de répression du banditisme (BRB), qui n'avaient retrouvé aucun autre suspect dans cette affaire aux troublantes similarités avec celle de Villiers-sur-Marne.

Enfin, deux des trois petites mains logistiques ont été condamnées. William Mosheh, le voleur de voiture surnommé «Renard», l'un des héros du fameux documentaire Caïd des cités, écope d'une peine de 5 ans de détention. Même chose pour Olivier Garnier, qui avait caché des armes et dont l'ADN a été retrouvé sur du matériel dans le fourgon des braqueurs. Le frère de Renard a en revanche été acquitté de toutes les charges qui pesaient contre lui, conformément au réquisitoire. Jean-Claude Bisel, doyen des prévenus et vieux complice de Redoine Faïd, est condamné à un an de prison pour avoir veillé sur le blessé Olivier Tracoulat la nuit suivant le drame.

Elisabeth Fouquet, la mère de la policière décédée, a déclaré à l'AFP sa volonté de continuer le «combat». C'est-à-dire de s'assurer que Fisal Faïd, frère aîné de Redoine, soit condamné à son tour, lui qui a fui en Algérie au lendemain de la fusillade avant d'être acquitté par un tribunal algérien en 2013. Le parquet local a fait appel et il devrait être rejugé – l'instruction considère qu'il est le quatrième homme du commando en fuite.