Si on ne l'avait pas compris, François Hollande a bien refait passer le message ce vendredi lors d'un déplacement dans l'Oise : «Ça va mieux.» Pendant un discours prononcé à l'occasion de l'inauguration du centre de recherche et développement de Plastic Omnium sur le site de Venette, le chef de l'Etat a martelé ce qu'il avait répété la veille en introduction de l'émission Dialogues citoyens sur France 2 : la situation n'est pas rose, mais elle est, selon lui, moins noire qu'il y a quatre ans. «La croissance est repartie», «l'investissement» – «la clé de tout» – aussi. «C'est le signe qu'il se produit une nouvelle donne dans notre économie», a insisté le président de la République face aux salariés du site assis au milieu d'une longue salle baignée dans un éclairage bleu. Et même s'il entend «ne pas se satisfaire» de la situation économique et sociale actuelle, il égrène quelques chiffres macroéconomiques qui devraient donner le moral aux Français, même s'ils ne pèsent pas encore sur cette satanée baisse du chômage qui ne vient toujours pas et à laquelle le président sortant a lié son sort personnel pour 2017 : «80 000 emplois nets obtenus dans l'année 2015» et l'objectif annoncé de ramener le déficit public «à moins de 3% [du PIB] en 2017». C'est «parce qu'il y a eu l'ensemble de ces efforts, parce qu'il y a eu l'ensemble de ces politiques» que le chef de l'Etat peut se «permettre de dire que ça va mieux».
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Au risque de laisser penser qu'il est dans le déni quand sa côte de popularité reste très basse et que, selon les enquêtes d'opinion, une indifférence s'installe à son égard ? «Vous avez vu la réalité, là ?» répond-il à un journaliste d'un geste de la main, au milieu d'un bain de foule avec les salariés de Plastic Omnium. Manière pour Hollande de tenter de convaincre que c'est sa politique («sanctuaris[ation]» du crédit impôt recherche, mesures de «suramortissement» prolongées d'un an, «plein effet» des baisses de cotisations patronales consécutives au pacte de responsabilité…) qui a permis à cette entreprise, un des leaders mondiaux du plastique (notamment pour l'industrie automobile) «de conjuguer un haut niveau d'investissement, une recherche de haute performance […] et de créer des emplois durables». «Vous avez ici la démonstration que l'économie repart», avait-il déjà expliqué peu avant, lors de son passage rapide devant les journalistes.
Peu importe si les Français ne lui font pas crédit de ces premiers résultats économiques, laisse entendre le chef de l'Etat dans son discours, «ce qui compte […] c'est d'être capable de faire des choix aujourd'hui qui vont avoir des conséquences dans dix ans ou dans vingt ans». «Pour que le réel s'imprime dans les mémoires, ça prend du temps», appuie-t-on parmi son entourage.
Alors qu'on ne vienne pas le titiller avec l'audience jugée moyenne (3,5 millions de téléspectateurs) de l'émission de la veille. Hollande l'a jugé «utile» et insisté sur «le besoin de proximité» avec les citoyens venus l'interpeller sur le plateau. L'audience ? «Ça correspond à ce qu'on attendait», défend-on dans son équipe de communication qui compare le chiffre aux 2,7 millions de téléspectateurs de Nicolas Sarkozy pour Des paroles et des actes en février. «Le message qui passe, c'est "je viens vers vous". On ne va pas se plaindre que le Président aille au contact», poursuit l'entourage de Hollande, qui précise que d'autres émissions télé sont envisagées après une radio et une interview dans la presse régionale. Mais tout d'abord, place au retour de l'agenda international : le Président entame samedi une tournée de quatre jours au Proche-Orient avec des visites au Liban, en Egypte, puis en Jordanie.