Difficile de dégager des positions tranchées de Nuit debout sur l'économie. «On est encore dans le débat, rien n'est arrêté», insiste Kevin, l'un des membres de la commission. Ce dimanche, cependant, trois motions seront soumises au vote de l'assemblée générale : la première contre la loi travail, la deuxième contre le traité de libre-échange transatlantique Tafta, et la troisième pour dénoncer la tournure prise par les négociations sur l'assurance chômage. A défaut d'un texte légitimé par la place de la République, il faut donc se plonger dans la dizaine de comptes rendus des différentes réunions qui s'y sont tenues depuis dix jours. A défaut de consensus, plusieurs idées récurrentes ressortent, qui donnent la couleur des échanges. Cohérents avec le souci de tourner le dos au modèle productiviste, les membres de la commission éco veulent avant tout redéfinir la notion de travail. En y incluant, notamment, «ces activités [travail domestique, artistique, éducation des enfants…] qui sont des activités à part entière, essentielles à la vie, […] et qui ne sont pas considérées aujourd'hui comme productives au sens capitaliste, parce qu'elles […] ne permettent pas de valoriser un capital». Jeunes, souvent précaires, les «Nuit debout» ne sont pas non plus contre l'évolution du salariat. Certains proposent même de «ménager un espace pour ceux qui ne peuvent pas travailler, ou qui veulent travailler de manière flexible - eu égard à l'utopie technologique du tout automatisé». Pas d'opposition, également, à la robotisation, qui pourra suppléer aux métiers dits «indécents». A condition, cependant, de l'articuler avec l'instauration d'un revenu de base (lire page 4) . Les Nuit debout, par ailleurs, ne sont pas les ennemis de l'entreprise. Mais, attachés au «produire local», ils se positionnent en défense des TPE et PME. Thème majeur des débats, enfin : «sortir de la logique concurrentielle» entre salariés. D'où le refus de l'inversion de la hiérarchie des normes portée par la loi travail, où un accord d'entreprise pourra supplanter un accord de branche. Et générer un risque de dumping social. Dans cette idée, même les coopératives représentent un danger, dans la mesure où elles seront en concurrence entre elles. «Sauf à mettre en place de nouvelles structures et méthodes afin de les protéger». Travailler oui, de façon indépendante, voire en dehors du salariat classique, pourquoi pas, mais pas l'un contre l'autre, semblent dire les Nuit debout.
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