Lla rencontre entre la délégation mahoraise et le gouvernement a donné lieu à la signature d'un accord, s'est félicité le ministère des Outre-Mer. Selon les syndicalistes, il s'agit plutôt d'un «protocole de sortie de crise». Une réunion de l'intersyndicale mahoraise doit se tenir ce samedi pour décider de la poursuite de la grève.
Alors que depuis deux semaines, Mayotte vit au rythme d'une grève générale qui paralyse l'île et fragilise l'économie locale. Une délégation de syndicalistes mahorais avait été envoyée à Paris ce vendredi pour négocier une sortie de crise. Elle a été reçue par la ministre des Outre-Mer George-Pau Langevin et Ericka Bareigts, secrétaire d'État chargée de l'Égalité réelle, pour négocier une sortie de crise. Les contestataires réclament «l'égalité réelle» avec la métropole. Malgré sa départementalisation en 2011, des habitants de l'île de Mayotte ne bénéficient pas des mêmes prestations sociales ou du même Code du travail que les métropolitains.
Après une journée de pourparlers, le document signé prévoit un échéancier et plusieurs mesures pour permettre un alignement de Mayotte avec le droit commun français. Les conventions collectives et accords de branches conclus en métropole seront immédiatement applicables à Mayotte. Le Code du travail national s'appliquera dans son ensemble au 1er janvier 2018. Les salaires de la fonction publique seront indexés à 40 % à partir du 1er janvier 2017. Des discussions vont être engagées avec le ministère de la Fonction publique sur la question de la fiscalisation des indemnités d'éloignement.
Concernant les droits sociaux, la prime d’activité sera mise en œuvre fin 2016, les retraites seront également revalorisées. Le gouvernement s’engage à analyser l’impact de la mise en œuvre de la couverture maladie universelle (CMU) avant la fin de l’année 2016.
«Nous avons trouvé un accord. Il a été conclu sur plusieurs points clés», se réjouit-on au ministère. «C'est un début, nous avons signé non pas un accord, mais un relevé de conclusions. Nous sommes très loin de ce que nous demandons», tempère Thierry Wuilliez, membre de la délégation mahoraise, à la sortie du ministère. «Il y a des avancées sur les droits sociaux, des avancées sur le Code du travail. Il y a un échéancier intéressant. Nous avons des résultats plus modestes sur l'attractivité. Il s'agit surtout d'un protocole de sortie de crise, les problèmes de fonds ne sont pas réglés.»
Les grévistes restés à Mayotte se montrent également prudents : «Les représentants qui sont allés à Paris nous expliqueront ce qui s'est dit. Nous devons en discuter avec l'ensemble des manifestants. Si la solution proposée n'est pas approuvée, il n'est pas exclu de poursuivre les blocages», affirme Roger Combarel, de la CGT. Une réunion doit avoir lieu ce samedi après-midi à Mayotte pour déterminer de la poursuite du mouvement.