C'est chaud. Dans un camp déjà fracturé par plusieurs mois de débats sur la déchéance de nationalité, c'est la question du foulard islamique qui menace de déchirer une fois de plus la gauche. Pour preuve, lors du premier débat de la matinée, tandis que le sociologue Michel Wieviorka, les historiens Laurence De Cock et Benjamin Stora, le démographe Hervé Le Bras et Hayatte Maazouza du cabinet de recrutement Mozaïk RH, spécialisé dans la diversité, échangent sur les solutions pour «rétablir le vivre-ensemble», c'est la question du «communautarisme» qui s'invite dans la salle. Pour Michel Wieviorka, le Premier ministre, Manuel Valls, avec sa récente sortie dans Libération sur l'interdiction du voile à l'université - sujet sur lequel Hollande l'a depuis contredit - «durcit et interdit le débat […], au lieu de créer du vivre-ensemble» et donc «nourrit le communautarisme». Une femme au micro : «Est-ce qu'on va faire que du bla-bla et esquiver la question du communautarisme ?» Un autre, sans micro : «Est-ce qu'on va parler du voile toute la journée ?» Laurence De Cock met tout le monde d'accord : «J'aimerais que toute la société […] se lève lorsqu'un jeune se fait contrôler à cause de sa couleur de peau.»
Pause café puis début du festival de critiques contre François Hollande. Lors de la discussion sur «Quelle Europe voulons-nous ?» Daniel Cohn-Bendit, pourtant soutien du président de la République dans les premières années du quinquennat, allume la première mèche : «Le problème, ce n'est pas de savoir si Hollande est de gauche ou de droite. Le problème, c'est qu'il dort au Conseil européen. Après, je ne sais pas s'il dort de droite ou de gauche…» Un consensus est trouvé : celui de combattre les «souverainistes européens».