L'avant-dernier débat sur le «modèle social pour le XXIe siècle» touche presque à sa fin. Du balcon, une voix porte. Un homme, excédé d'entendre des interventions un peu déconnectées à ses yeux, veut dire ce que c'est d'être chômeur. Il l'est depuis 2007 : «J'ai faim tous les jours ! Je vais aux Restos du cœur deux fois par semaine !» Il est sévère sur Pôle Emploi qui «choisit ses chômeurs» : «Nous sommes exclus socialement. Ils disent quoi, les jeunes qui ont pas de boulot dans les quartiers ? Ils disent : "En 2017 on va voter Le Pen ! Parce qu'on n'est pas entendus par la gauche !"» Les intervenants ont quelques difficultés à apporter une réponse. L'ex-secrétaire général de la CGT, aujourd'hui au Bureau international du travail, Bernard Thibault, explique qu'il «faut d'autres droits».
Benoît Thieulin, fondateur de l'agence numérique la Netscouade, regrette, lui, l'absence de discours de François Hollande sur les bouleversements de l'emploi liés au numérique. «Vous avez entendu le président de la République jeudi ?» lance-t-il. «Non !» répond la salle. Thibault reprend la parole : «Le drame aujourd'hui, c'est que les hommes politiques ne font pas rêver. Ils provoquent plus des cauchemars.» Au micro, un jeune homme se dit d'une «génération en recherche de collectif», il exhorte les politiques à «reproposer aux gens une idéologie».