Menu
Libération

A Marseille, climat tendu autour de l’Action française

publié le 19 avril 2016 à 21h41

Etre royaliste à Marseille n'est pas une sinécure. Samedi, le collectif Action antifasciste de la ville a réuni quelque 300 personnes pour un «repas de quartier contre l'extrême droite». Et ce, devant l'église Notre-Dame-du-Mont du cours Julien, à deux pas du local de l'Action française installé depuis 2014 rue Navarin. Objectif : s'organiser face à la «présence préoccupante de l'extrême droite dans le quartier». Rangés derrière des forces de police, les royalistes ont fait face aux antifascistes dans l'après-midi. A ces derniers qui leur criaient «pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos», les militants de l'Action française ont répliqué : «On est chez nous !» Leur local a été vandalisé plus tard dans la soirée, œuvre, selon eux, des antifas. Le collectif Action antifasciste Marseille a démenti cette action, finalement revendiquée mardi par le groupe Jeunes13énervés.

A l'instar du mouvement Génération identitaire, l'Action française provençale multiplie les actions coup-de-poing depuis des mois pour occuper l'espace médiatique. Au diable l'image désuète, les royalistes provençaux du XXIe siècle s'invitent dans les conférences de Sciences-Po ou dans les meetings du PS. Pas sûr que Marseille soit un terreau si fertile à la fleur de lys. «Nous subissons des agressions depuis que nous avons commencé les travaux dans le local», explique une militante de l'Action française, qui souhaite rester anonyme car elle se dit menacée. Graffitis «gauchistes», intimidations, serrure bouchée par de la colle… Jusqu'à la voisine du dessus, «qui a créé un mécanisme pour nous jeter de l'eau du haut de son balcon», affirme cette militante, qui assure : «On est tout sauf racistes et on se tient correctement.»

Dans ce centre-ville populaire où les antifascistes sont bien implantés, la posture des royalistes fait rire jaune. Des militants antifas rapportent en effet des agressions envers des étudiants lors des manifestations contre la loi travail et dénoncent le comportement douteux de certains groupes politiques qui gravitent autour du local. «On assiste à une multiplication des agressions dans le quartier», résume Mohamed, militant antifasciste.

Dans ce climat tendu,l'Action française Provence a pondu un communiqué proclamant «sa détermination renforcée. Pour que vive la France, et vive le roi !»