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Communication

Pour Hollande, «le sujet, c'est l'emploi», pas Macron

Une semaine après son «ça va mieux» sur France 2, le président de la République était en Eure-et-Loir jeudi matin, où il a visité une entreprise pharmaceutique danoise qui a choisi d'étendre son site et de créer des emplois dans l'Hexagone.

Le président de la République à Chartres, ce jeudi. (Photo Laurent Troude pour «Libération»)
ParLilian Alemagna
Envoyé spécial à Chartres (Eure-et-Loir)
Publié le 21/04/2016 à 13h12, mis à jour le 21/04/2016 à 14h56

Le Get Better Tour de François Hollande continue. A Chartres, ce jeudi, le président de la République a laissé le PDG de la firme pharmaceutique Novo Nordisk (qui étend son site de production de Chartres) utiliser l'anglais pour vanter le «rêve» français, selon lui, pour les entreprises étrangères. «Même en anglais, c'est un plaisir d'entendre parler de la France comme vous venez de le faire, se félicite un président de la République aux anges derrière son pupitre. C'est mieux que de parler en français et d'en dire du mal.»

Une semaine après son «ça va mieux» lancé sur France 2 et les critiques qui ont suivi sur le «déni» de la réalité sociale vécue par les Français, le chef de l'Etat poursuit sur un registre optimiste, tout en nuançant : «Ça va mieux, même si c'est vrai ça ne va pas forcément mieux pour tout le monde. Et il nous reste encore beaucoup à faire.»

«Vision longue»

Comme la semaine dernière lors d'une sortie dans une usine de l'Oise, il a vanté les mesures prises par son gouvernement pour favoriser les investissements (simplification du crédit impôt recherche, mesures de «suramortissement», etc.) et les bienfaits du «dialogue social dans l'entreprise» pour faire les «choix les plus judicieux». François Hollande a ensuite pris prétexte de cette visite (la deuxième de son quinquennat ici) dans une entreprise qui crée des emplois – 350 depuis 2014 et une nouvelle promesse de 250 – pour parler de lui.

«Je voulais venir ici pour montrer la continuité, la durée, dit-il en conclusion d'un discours d'une quinzaine de minutes devant les salariés de cette société qui produit des médicaments pour soigner le diabète. Parfois, la politique, c'est comme l'économie : c'est tellement rapide, tout est emmené par l'actualité, tout est emporté par l'urgence, par l'immédiat. On finit par ne plus mettre en cohérence, en perspective ce que l'on fait.» Suivant la ligne fixée il y a plusieurs semaines à l'Elysée, le chef de l'Etat, tout en multipliant les bons mots, poursuit ainsi la défense de son action depuis quatre ans, espérant la rendre enfin lisible aux yeux des Français. «Dans une entreprise, si on n'a pas la vision, on ne peut pas créer et développer. Pour un pays, c'est exactement la même exigence.» Hollande insiste sur la «vision longue» pour mieux écarter ses cotes de popularité catastrophiques à un an de la présidentielle, qui pourraient l'empêcher de candidater à sa succession : «Ce qui doit compter, c'est le cap que l'on a fixé, la cohérence avec laquelle on tient et surtout les résultats que l'on peut dégager pour que l'espoir soit là.»

Macron en retrait

Son allocution terminée, le chef de l'Etat a passé un moment (comme la semaine dernière dans l'Oise) avec les salariés de l'entreprise, enchaînant discussions et photos. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, collée à lui. Mais pas Emmanuel Macron. Fort des sondages le concernant, le ministre de l'Economie l'a joué plus distant. Il a été rappelé à l'ordre, ces derniers, par tous ses collègues qui lui demandent d'être plus «collectif» (dont le Premier ministre).

Arrivé en voiture avec le Président, il a passé la visite plusieurs mètres derrière le chef de l'Etat. Ce dernier s'autorisant un «allez chercher Macron» lors d'un arrêt devant une maquette du site et de son extension, et un «Emmanuel n'est pas là ?» au début de la matinée, quand son ex-collaborateur à l'Elysée restait à la traîne. Et lorsqu'un journaliste a tenté d'avoir un mot de sa part sur le «sujet Macron» du moment, Hollande rétorque tout de suite : «Le sujet c'est l'emploi.» Ce qui est un peu de la responsabilité d'un ministre de l'Economie et de l'Industrie. Au même moment, Macron est à dix mètres derrière, pris d'assaut par des salariés demandant des selfies avec lui.