Depuis la crise de 2003 Le dossier des intermittents du spectacle empoisonne régulièrement le monde de la culture. Ce régime spécifique d’assurance chômage, qui concerne environ 100 000 bénéficiaires, est accusé d’afficher un déficit chronique au sein de l’Unédic. De l’ordre d’un milliard d’euros par an, en raison d’un montant total d’indemnisation bien supérieur aux recettes. Mais si ce régime était supprimé et que les règles générales leur étaient appliquées, ces salariés, du fait du caractère précaire de leur activité, continueraient de générer un déficit de 700 millions. Autrement dit, le coût «net» de leur régime est plutôt de l’ordre de 300 millions d’euros par an.
En 2014 Les partenaires sociaux, gestionnaires de l’assurance chômage, ont déjà adopté, pour les intermittents, quelque 190 millions d’euros d’économies ou de hausses de recettes par an. Soit, en rythme de croisière, 100 millions via le différé d’indemnisation (pris en charge par l’Etat), 30 millions avec le plafonnement du cumul salaire-allocation et 60 millions de hausse des cotisations spécifiques au secteur. Soit près d’un tiers des économies décidées pour l’ensemble de l’assurance chômage en 2014.
Lundi soir Syndicats et employeurs du secteur du spectacle devaient trouver un accord sur de nouvelles économies. Fin mars, le Medef et trois confédérations (CFDT, CFTC et CGC) ont en effet réclamé, dans une lettre de cadrage, 185 millions d’euros de nouvelles économies (en rythme annuel d’ici à 2018), dont 80 millions, suggèrent-ils, pourraient être compensés par l’Etat. A l’horizon 2020, le Medef réclame 400 millions d’euros d’économies par an.
Jeudi Les partenaires sociaux au niveau interprofessionnel (et non plus uniquement du spectacle), se pencheront sur l’éventuel accord signé lundi soir afin de juger s’il respecte le cadrage imposé.
Ces nouvelles coupes sont jugées inacceptables par les syndicats et les employeurs du secteur. Tout comme l'appel en direction de l'Etat pour qu'il assume une partie des économies. «L'Etat ne mettra pas l'argent de façon pérenne, il suffit d'un changement de gouvernement pour qu'il soit supprimé», s'alarme Denis Gravouil, de la CGT-Spectacle.