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Libération

Du mieux sur le front de l’emploi

publié le 26 avril 2016 à 20h41

«Là, a priori, il n'y a pas de problème…» Au cabinet de la ministre du Travail, Myriam El Khomri, on se veut rassurant : la baisse spectaculaire du chômage en mars ne serait entachée d'aucun vice ou bug, comme en ont connu les précédentes chutes soudaines du nombre de demandeurs d'emplois ces dernières années.

Ainsi donc, en mars, le nombre d’inscrits à Pôle Emploi en catégorie A (sans aucune activité) s’est effondré de 60 000… Du jamais vu depuis avril 2006, soit dix ans. Au total, il y avait, le mois dernier, 3,53 millions d’inscrits en catégorie A (3,79 millions avec les DOM), un chiffre en baisse de 1,7 % sur un mois et en hausse de 0,5 % sur un an. Cette amélioration de la situation profite par ailleurs à toutes les catégories d’âge : les moins de 25 ans (- 1,7 % sur un mois), les 25-49 ans (- 2 %), mais aussi, chose rare, les seniors (- 1 %).

Premier bémol, cependant : cette baisse intervient après une forte hausse le mois précédent (+ 38 400). Même si sur le premier trimestre de 2016, la décrue reste importante, avec - 49 500 inscrits. Un effet de yo-yo qui dure déjà depuis plusieurs mois. Second point : cette diminution s’accompagne d’une augmentation quasi équivalente (+ 51 000) du nombre de demandeurs d’emplois en catégories B et C (chômeurs ayant exercé une activité réduite). Toute catégories confondues (A, B et C), la baisse en mars n’est ainsi plus que de 8 300 chômeurs, pour un total de 5,45 millions d’inscrits (5,75 millions avec les DOM). Un chiffre en baisse de 0,2 % sur un mois et en hausse de 3 % sur un an. Autrement dit, les demandeurs d’emploi pourraient être passés, pour certains, d’aucun emploi à un petit boulot.

Même s'il est à relativiser, ce bon chiffre n'a pas manqué d'enchanter le gouvernement, qui y voit «le résultat de l'amélioration graduelle de l'activité économique qui s'est déjà traduite par une reprise des créations d'emploi en 2015, grâce notamment aux effets du Pacte de responsabilité et de solidarité». Autre explication, selon Myriam El Khomri : «L'aide "Embauche PME" monte en charge et accélère les effets de la reprise économique.»